Libye: l’attaque du consulat de Benghazi, une opération programmée par Al-Qaida, selon les USA

L’attaque du consulat de Benghazi, à l'est de la Libye, aurait été préméditée selon les Américains qui y voient l’œuvre d’Al-Qaïda. Le film provocateur anti-islam aurait servi de prétexte pour venger le N° 2 de l’organisation abattu il y a deux mois. A travers cette opération «coup de poing», les salafistes libyens chercheraient à s’imposer comme alternative sur la scène politique auprès des frères musulmans.

Selon le New York Times qui cite des sources officielles, les Etats-Unis doutent que la manifestation qui a éclaté devant le consulat était "spontanée et incontrôlable", rapporte l’agence Reuters.

« Si le rassemblement au Caire ressemblait bien à une manifestation spontanée et pacifique avec des manifestants non armés [...], par contraste, les manifestants de Benghazi étaient armés de lance-roquettes et de mortiers » relate le New York Times.

Les services secrets américains auraient ainsi repéré des « indices qui suggèrent qu'un groupe organisé a pu soit attendre l'opportunité de profiter de la manifestation, soit provoquer la manifestation pour couvrir son attaque ».

Ces suspicions d’une attaque préméditée confortent la thèse d’une vengeance d’Al Qaida que partage par ailleurs Tripoli.

Venger Abou Yahya al-Libi, n° 2 d'Al-Qaida...

« L'assassinat qui a visé l'ambassadeur américain en Libye a été prémédité. Il répond directement à l'appel du numéro un d'al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, qui a demandé aux salafistes libyens de s'en prendre aux Américains pour venger la mort d'un des grands stratèges de l'organisation, Abou Yahya al-Libi, tué en juin dernier par un drone américain au Pakistan», analyse Mathieu Guidère, professeur d'islamologie à l'université de Toulouse-II, auteur du Printemps islamiste (éditions Ellipses), cité par lepoint.fr.

Son point de vue rejoint les conclusions du groupe d'experts Quilliam, installé à Londres et spécialiste de la question libyenne, cité par CNN.

Selon ce groupe « l'assaut est venu venger la mort d'Abu Yaya Al-Libi, no 2 d'Al-Qaida tué il y a quelques mois ». Les experts avancent le chiffre de « 20 militants, préparés pour une attaque militaire », dissimulés dans la manifestation et qui plus est munis de lance-roquettes, situation inhabituelle dans des manifestations de cette nature.

Le film, une brèche ouverte...

Le vice-ministre de l'intérieur en charge de la région de Benghazi, Wanis Al-Charef, a reconnu de son côté que « des criminels et des hommes qui cherchent à semer la sédition et à déstabiliser la situation sécuritaire se sont infiltrés parmi les manifestants ».

Il estime toutefois que « la tension est montée autour du consulat quand des gardes américains ont tiré en direction des manifestants ».

S’agissant enfin du film, il « serait passé relativement inaperçu en Libye », selon Mathieu Guidère. Mais "lorsque les salafistes en ont pris connaissance, ils se sont précipités dans la brèche pour mener une action spectaculaire qu'ils allaient politiser", estime-t-il.

Le courant fondamentaliste chercherait ainsi à s’imposer comme force incontournable sur la scène politique pour les Frères musulmans à qui il peut assurer une majorité au sein de l’Assemblée élue en juillet dernier.