Algérie : les premiers états généraux de la société civile : comme une soupape...
Par N.TPublié le
A première vue, l’initiative a de quoi séduire: un rassemblement de plus d’un millier de participants, venus, dit-on, du monde syndical, culturel, médiatique, associatif, de la jeunesse, des étudiants, des cercles de réflexion, d’éthique et de déontologie, des « sociétés savantes » et même de la diaspora… fermez le ban !
Il s’agit d’échanger autour de l’ambition, objectivement positive, d’imprégner une nouvelle dynamique au mouvement associatif, d’en faire le point d’encrage de la démocratie et un relais entre la classe politique et le reste de la société !
Le tout avec la bénédiction du président Abdelaziz Bouteflika qui promet «de libérer la parole de la société civile dans l'ordre d'un nouveau système de gouvernance». Qui donc pourrait s’en plaindre ?
En attendant les résultats de cette grand-messe, on ne peut s’empêcher de constater que bon nombre d’associations représentatives ne sont pas de la partie. Normal : ce sont celles dont les militants déclenchent les foudres du ministère de l’Intérieur au moindre petit mouvement de contestation. Elles ne croient donc pas à cette reconnaissance citoyenne, plutôt surprenante.
L’initiative des Etats généraux de la société civile auréolée de la parole présidentielle, pose en effet un problème de crédibilité.
De quelle écoute de la société civile peut se prévaloir un pouvoir qui monopolise tous les espaces d’expression publique, caporalise le mouvement associatif et dont les officines orchestrent les pratiques clientélistes à grande échelle ?
Qui peut donc croire à des intentions aussi nobles dans un pays où la police est constamment sur le pied de guerre, prompte à réprimer à tour de bras, les étudiants, les chômeurs, les résidents en médecine ?
Il y a décidément quelque chose qui sonne faux dans cette offensive de charme en direction de la «société civile». Le pouvoir algérien se doit désormais de convaincre par des décisions concrètes qu’il ne cherche pas à créer l’illusion d’un climat de concertation, à agiter un miroir aux alouettes, à ouvrir une soupape pour soulager un lourd climat de contestation.
Les dirigeants algériens pourraient par exemple ne plus réprimer les manifestations dans les rues de la capitale, dissoudre les assemblées élues par la fraude et retirer à la police politique le pouvoir d'autoriser le lancement de nouveaux journaux. On peut toujours rêver...