Polémique autour de la subvention accordée par la mairie de Marseille aux organisateurs du concert de David Guetta. Lundi, la question sera réexaminée lors du Conseil municipal. (Eva Rinaldi / Flickr)

Marseille : David Guetta va-t-il animer le prochain Conseil municipal ?

L'attribution, en décembre, par la mairie de Marseille, d'une subvention de 400 000 euros à l'organisateur du concert de David Guetta, a soulevé une vive polémique. Lundi, le Conseil municipal débattra de nouveau de cette question. Ambiance garantie en perspective.

D'abord, pour bien comprendre de quoi il s'agit, un bref résumé des épisodes précédents : en décembre, lors du dernier Conseil municipal de l'année 2012, la majorité de Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, vote une subvention de 400 000 euros à destination d'Adam Productions. Cette société organisera le concert du DJ star, David Guetta, le 23 juin 2013, au Parc Borély.

Le concert est inclus dans la programmation de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture, et est considéré comme « un grand événement populaire, à destination des Marseillais. »

En plus de cette généreuse contribution à l'essor de la culture populaire, la mairie met gratuitement le Parc Borély à la disposition des organisateurs du concert. Et, cerise sur les platines, pour assister à ce « grand événement populaire », il en coûtera entre entre 44 et 59 euros. Non seulement l'argent public est distribué grâcieusement, mais les Marseillais devront en plus payer, très cher, pour voir ce qu'ils ont contribué à financer...

Commando anti-23 juin

La cerise a finalement du mal à passer, et le noyau reste en travers de la gorge de bon nombre de Marseillais. D'autant plus, que lors du vote en décembre, l'opposition municipale n'était pas présente. La décision a donc été prise sans qu'il puisse réellement y avoir débat.

Pour faire bref, le groupe socialiste était absent quand la question a été soumise, et la subvention a été accordée sans que personne n'y trouve rien à redire. Les socialistes ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes d'avoir raté cette occasion de s'exprimer, et l'affaire pourrait être close.

C'était sans compter sur la volonté des citoyens. Plus de de deux mois après ce vote, l'histoire commence à se répandre dans la presse. Un collectif de citoyens, « le commando anti-23 juin », formé sur Facebook et mené par Lionel Corsini, alias DJ Oil, s'en empare. Grâce au web, la mobilisation prend une ampleur considérable.

Pétition citoyenne

Et le collectif déterre un article de loi fondamental : il faut, dans un délai de trois mois après le premier vote, convaincre 10 000 Marseillais de signer une pétition citoyenne. Dans ce cas, une décision entérinée en Conseil municipal doit être réexaminé.

Environ 70 000 personnes apposent leur autographe, le recours peut être engagé. Le Conseil municipal, prévu le 25 mars, devra donc programmer la question. A vrai dire, l'enjeu semble plutôt symbolique, puisque rien n'oblige de soumettre de nouveau la décision au vote. La pétition implique que le débat soit rouvert, rien de plus.

Quand l'ordre du jour du Conseil municipal du 25 mars est établi, la mairie, soit par erreur, soit pour prendre à son compte le buzz, ne mentionne pas la question de la subvention.

Rétropédalage rapide : mardi, le compte Facebook de la ville de Marseille, publie ces mots : « David Guetta : contrairement à ce qui est affirmé, le sujet sera inscrit à l'ordre du jour du prochain Conseil municipal. » Le DJ vedette fera donc bien l'animation dans la salle du Conseil municipal, lundi 25 mars. 

Au final, tout le monde semble content. Les citoyens, qui peuvent garder l'illusion que la démocratie existe. L'opposition, qui, avec trois mois de retard, s'est saisie de cette affaire avec ferveur. Et la majorité, qui sait bien que rien ne pourra imposer un nouveau vote. A moins d'un rebondissement de dernière minute, le prochain Conseil municipal ne devrait rien changer à tout ça. 

La culture pour tous, ou la culture de tous ?

Finalement, cette polémique aura mis en lumière une seule chose : l'incohérence de la gestion municipale en matière de culture. Que la mairie encourage financièrement des manifestations culturelles, c'est plutôt réjouissant. C'est le choix de l'événement, et la somme engagée, qui interpellent.

Avec 400 000 euros, il y avait probablement bien d'autres « événements populaires » à soutenir. Le concert de David Guetta n'étant sans doute pas celui qui en avait le plus besoin.

Quant aux choix de la programmation de Marseille-Provence 2013, là aussi, ils laissent perplexe. Dans une année européenne de la culture, on peut bien considérer que David Guetta, DJ mondialement connu, a toute sa place. Mais musicalement, Marseille a également quelques arguments.

Les groupes de rap marseillais, par exemple, représentants d'une culture hip-hop, incontournable ici, reconnue ailleurs, sont les grands oubliés de MP 2013.

« La culture pour tous », dit le slogan. Certes. Mais la culture de tous, aussi ? Apparemment non.

 

 

Mise à jour, 13h15 : suite aux commentaires, ajout du lien vers le groupe Facebook du "Commando anti-23 juin".