Une dizaine de socialistes postule pour tenter de reconquérir l’Hôtel de Ville de Marseille. (Xavier de Jauréguiberry / Flickr)

Marseille : Cohue pour les primaires socialistes aux municipales de 2014

La liste des prétendants socialistes à la mairie de Marseille ne cesse de croître. Tous devront d’abord s’affronter lors d’une primaire citoyenne, et ils sont une dizaine prêts à s’élancer vers l’investiture. Avec déjà quelques petits remous.

La course vers 2014 est déjà bien engagée. Depuis 1983, et le dernier succès de Gaston Defferre, le Parti Socialiste n’a plus gagné d’élection municipale à Marseille. En 1989, Robert Vigouroux, qui avait pris l’intérim en 1986, à la mort de G. Defferre, avait bien conquis la mairie. Mais ce n’était pas pour le Parti Socialiste, dont il était devenu dissident, pour avoir persisté à se présenter. 

Ce fut pourtant la dernière victoire de la gauche à la mairie centrale. Ce fut même un raz-de-marée, puisque ses listes étaient arrivées en tête dans les huit secteurs de la ville. Mais ce ne fut pas vraiment une municipalité de gauche, puisque R. Vigouroux gouverna avec une majorité hétéroclite. Et en 1995, il apporta même son soutien à Edouard Balladur, candidat de droite à l’élection présidentielle. 

A la suite de R. Vigouroux, c’est Jean-Claude Gaudin (UMP), qui a remporté les scrutins municipaux depuis dix-huit ans. Après le règne sans partage de G. Defferre entre 1953 et 1986, le PS n’a donc jamais réussi à reprendre le balcon de l’Hôtel de Ville.

 

Qui votera aux primaires ? 

L’an prochain, le calendrier semble idéal. Après presque vingt ans de mandat de J.C Gaudin, bien parti pour se représenter, le temps de l’alternance a peut-être sonné. Sauf que les socialistes ont du mal à s’accorder sur le leader qui les mènera à la victoire. Pour valider leur choix, ils ont décidé de faire appel aux citoyens.

La recette des primaires ayant parfaitement fonctionné pour les dernières présidentielles, le PS a décidé de l’adapter à la sauce marseillaise. Mais rien ne garantit que l’aïoli puisse monter. L’objectif principal étant d’intéresser les Marseillais à l’enjeu de ce scrutin. Mais c’est bien là la grande inconnue de ces primaires : quel sera réellement le corps électoral ? 

En 2011, environ 30 000 Marseillais avaient participé au vote pour départager F. Hollande et M. Aubry. Combien seront-ils en octobre prochain ? 10 000 ? 5000 ? Beaucoup plus ? Beaucoup moins ? Impossible de le prédire. 

Ce sera à coup sûr la clef de ce scrutin. Si ce sont essentiellement les militants PS qui se déplacent, l’investiture ne pourra pas échapper à l’un des “poids lourds” en lice. Si les citoyens indépendants participent en masse, une surprise pourrait émerger. 

Pour l’heure, une dizaine de candidats s’est déjà déclarée, et la liste n’est pas encore close. Quatre font figure de favoris. Les chances des autres paraissent beaucoup plus minces. Les appeler “petits candidats” n’est pour autant pas correct.

Car ce n’est pas tant qu’ils sont petits. Mais c’est surtout qu’ils ont face à eux des personnalités qui occupent des fonctions élevées, avec un rayon d’influence qu’il sera difficile de contrer. 

Marie-Arlette Carlotti est ministre, Samia Ghali est maire des 15e et 16e arrondissements, Patrick Mennucci est maire des 1er et 7e, et Eugène Caselli est président de la Communauté Urbaine Marseille-Provence-Métropole. Avec déjà quatre candidats de cette envergure, la route semble bien encombrée pour les autres. 

 

Un appareil qui coince un peu 

Ils sont pourtant quelques-uns à avoir envie d’y croire. A condition qu’on leur en laisse le droit, et que l’appareil du parti ne vienne pas verrouiller les candidatures, pour éviter l’éparpillement. Pour être autorisés à concourir, les candidats doivent rassembler 1500 parrainages, dont 200 venus de militants PS

Obtenir la liste des militants pour aller recueillir leur soutien semble être la difficulté majeure pour certains candidats. Hacen Boukhelifa, qui a annoncé de longue date sa candidature, a mis les pieds dans le plat, accusant les primaires d’être “une fumisterie”, et affirmant que M.A Carlotti et P. Mennucci “avaient en main la liste complète des militants socialistes.” Tandis que lui doit se contenter du simple listing des noms, sans les coordonnées...

Pierre-Alain Cardona, qui représente l’aile gauche du PS, et a annoncé sa candidature mercredi, a reconnu ne pas savoir encore s’il pourra disposer des coordonnées des militants. Il mise quant à lui sur le travail de terrain pour parvenir au quota. “Il y a 16 sections, il nous faut aller convaincre une dizaine de militants dans chaque section.”

Pour le moment, la réponse de la Haute Autorité des Primaires, saisie par H. Boukhelifa de ce problème, est de proposer que les professions de foi des candidats, accompagnées des coordonnées de ceux ci soient adressées, sans délai, aux militants.” Ce qui revient à botter en touche...

La démocratie participative grince encore un peu en interne. L’exercice des primaires devrait pourtant être la démonstration d’une maturité politique, en mesure de convaincre les Marseillais de suivre cette voie. P.A Cardona y voit justement une opportunité unique de mêler la population à la prise de décision. 

“Pour la première fois, les Marseillais ont l’occasion de choisir leur candidat. Nous sommes conscients que les gens ont du mal à croire à la parole politique. Le plus ambitieux dans le projet que je porte, c’est justement de s’adresser à ce désenchantement des citoyens.”

A condition que tout le processus en marche ne vienne pas les décevoir encore un peu plus...