Algérie : la chute du brut se produit dans un contexte national explosif
Par N.TPublié le
Un spectre hante les allées du pouvoir Algérien : la chute continue du prix du brut qui rétrécirait dangereusement les marges de manœuvres pour maintenir la paix sociale, conserver un fragile équilibre dans un contexte politique tendu, marqué par les luttes de clan pour la succession de Bouteflika et l’insécurité aux frontières avec les pays du Sahel.
Les hydrocarbures représentent pas moins de 97% des recettes d’exportation du pays et 40% de son PIB… Le gouvernement qui tablait sur un baril à 110 dollars est pris de cours par une chute du prix de plus de 40% en six mois. Le tarif qui avoisine désormais les 60 dollars met le gouvernement en mauvaise posture, le contraignant à puiser dans les réserves (193 milliards de dollars en juin 2014) et le Fonds de régulation des recettes [FRR]) pour boucler son budget, maintenir ses engagements de dépenses publiques à hauteur de 110 milliards de dollars pour l’année 2015.
Entre temps, le pouvoir tente de rassurer
« Le gouvernement dispose des mécanismes à même de faire face à ce genre de situation », a expliqué lundi 1er décembre, le ministre des finances, Mohamed Djellab
Aussi importantes soit-elles, les réserves pourraient bien vite se réduire comme peau de chagrin, face à l’ampleur des attentes et à la configuration catastrophique de l’économie qui repose sur la seule rente pétrolière.
L’importation de biens de consommation tourne à plein régime, sous le contrôle de réseaux dominés par les islamistes. Le tissu industriel constitué durant les années 70 a été démantelé par une privatisation anarchique des entreprises publiques, réduisant à 4% la part de l’industrie dans le PIB. Le secteur agricole à l’abandon ne représente plus que 2% du PIB. Les investissements de prestige entrepris sous les deux premiers mandats de Bouteflika ont fait la fortune d’une poignée de chefs d’entreprises privées et surtout permis une corruption à grande échelle…
La chute du baril de pétrole intervient dans ce contexte explosif, marqué par des émeutes sporadiques à travers le territoire.
«La seule chose qui peut faire paniquer le pouvoir, c’est la persistance sur un temps assez long de la chute du prix du brut. La crainte de perdre la capacité à maîtriser la fronde sociale et les émeutes populaires que la perte du matelas de pétrodollars entraînera automatiquement. Le pouvoir sait que rien ne pourra arrêter un peuple qui a faim ou, tout simplement, qui a peur d’avoir faim », déclarait récemment le politologue Rachid Grim, au quotidien El Watan.