Europe: chacun pour soi et coronavirus pour tous
Par N.TPublié le
Faute de stratégie de riposte commune à l’échelle de l’Europe face à la pandémie, les pays adoptent séparément des mesures…
En Europe, face à la pandémie qui se répand à travers le monde, l’heure est au « sauve-qui-peut » plutôt qu’au « tous ensemble ». Pas de mesures communes recommandées par l’UE, pas de coordination des stratégies de réponses sanitaires et pas de règles de solidarité non plus. L’Italie, pays le plus sévèrement touché (1.016 morts pour 15.113 cas vendredi 13 mars) en a fait la triste expérience. L’aide attendue en matériel de protection (masques et autre…) est venue de la Chine qui entrevoit à peine le bout du tunnel.
En attendant, les décisions des gouvernements tombent en cascade, sans cohérence aucune à l’échelle de continent.
Les cafés et restaurants sont désormais fermés en France depuis samedi minuit, de même que les établissements d’enseignements à partir de lundi 16 mars pour une durée indéterminée. Les personnes âgées de plus de 70 ans sont invitées à ne pas sortir, les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits. Les salariés en chômage partiel seront indemnisés et les règlements de charges dues par les entreprises ajournés. Macron évoque de probables fermetures de frontières dans les jours ou les semaines à venir, « mais il faudra les prendre à l'échelle européenne », souhaite-t-il.
C’est en tout cas chose faite en Slovaquie, les étrangers n’y ont plus accès depuis jeudi 12 mars, à l'exception des Polonais. La République tchèque fera de même, mais lundi seulement en interdisant aussi tout déplacement à l’étranger à ses ressortissants. Ecoles, cafés, restaurants et discothèques ont carrément portes closes en Belgique. Les écoles ne fermeront que le week-end prochain en revanche et « jusqu’au vendredi 3 avril inclus », veille des vacances de Pâques. Le gouvernement portugais, quant à lui, a décrété vendredi l’état d’alerte afin de pouvoir mobiliser la protection civile, la police et l’armée.
Le Danemark adopte pour sa part une législation exceptionnelle qui attribue au ministre de la santé une sorte de plein pouvoir lui permettant de « garantir la maîtrise des infections par des maladies généralement dangereuses », a annoncé le Parlement monocaméral (Folketinget). L’Espagne annonce qu’elle va ordonner la fermeture des terrasses des bars et restaurants, mais seulement dans la capitale Madrid.
Le système capitaliste ébranlé…
Le gouvernement Allemand se distingue, quant à lui, par l’engagement d’un dispositif conséquent en direction des entreprises. « Il n'y a pas de limite vers le haut, c'est le message le plus important », a déclaré le ministre des Finances Olaf Scholz, en détaillant un plan d'aide d’au moins 550 milliards d’euros, plus important encore que celui mis en place lors de la crise financière de 2008.
Tout compte fait, le coronavirus n’a rien à craindre d’une quelconque synergie dans la réponse européenne, tant au plan des moyens que des batteries de mesures. Faute de pouvoir agir sur les politiques sanitaires, Bruxelles regarde la tempête passer en se limitant aux seules prérogatives financières. La Commission européenne a promis vendredi de faire preuve d'une extrême souplesse dans l'application des traités, avec, en prime, quelque 37 milliards d'euros consacrés à la lutte contre l'épidémie.
L’après coronavirus sera sans doute riche d’enseignements. Que ce soit en Europe ou partout ailleurs, une chose est au moins d’ores et déjà sûre: la crise sanitaire planétaire ébranle le système capitaliste dans toutes ses dimensions. Le monde va-t-il « changer de base » ?
Photo (DR)