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France : quand le ministre de l’Intérieur glane des voix sur le terrain de l’extrême droite

Claude Guéant, ex-secrétaire général de l’Elysée qui prenait parait-il un peu trop de place au «château» et terrorisait même quelques ministres, vient de faire une entrée très remarquée dans ses nouvelles fonctions de ministre de l’Intérieur.

A 48 h des élections cantonales, Monsieur le ministre s’empresse de marcher sur les plates-bandes de l’extrême droite pour faire la cueillette des voix. Et le sujet pour convaincre est tout trouvé par ces temps de grande peur devant l’afflux de réfugiés débarquant du sud de la Méditerranée, de débat foireux sur la laïcité, de tapage médiatique autour de la montée d’un Front National à l’image améliorée : l’immigration.

Ainsi, à en croire Claude Guéant, «Les Français à force d'immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale (…) Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie, ils ne veulent pas qu'on leur impose un mode de vie». Diable !

Balancés à une heure de grande écoute, sur une radio à forte audience, Europe 1, ces propos ne sont pas innocents. Ils fonctionnent comme un signal. Mots et expressions sont bien choisis. M Guéant a soigné son langage pour faire mouche, ralentir le flux des électeurs de droite vers son extrême, glaner quelques bulletins sur le terrain du Front National, voire séduire quelque Dupont-la-joie encore indécis.

Faisons le tri dans le texte : «immigration incontrôlée» : comprenez que le gouvernement promet d’être ferme face aux flux annoncés d’étrangers. «Le sentiment de ne plus être chez eux» : n’en doutez plus, nous mesurons le danger d’un envahissement. «Des pratiques qui s’imposent à eux» : soyez-en convaincus, la liberté menacée des français de souche, bien blancs et chrétiens, est notre grande préoccupation. «Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie» : nous défendrons bec et ongle l’identité française.

On savait que le soldat Claude Guéant avait quitté le camp retranché de l’Elysée pour monter en première ligne dans la bataille électorale, des cantonales aux présidentielles. La panique gagne en effet le camp de la droite et le doute s'installe pour la candidature de Sarkozy. Mais on n'imaginait pas Mr.Guéant si maladroit, prompt à dérouler un discours sans nuance, mettant même sans doute mal à l'aise des gens dans son propre camp, un discours de slogans ramassés dans la vase du populisme, surtout creux, vide de sens devant un contexte de grands bouleversements au sud de la Méditerranée et dans le monde arabe qui incite plutôt à repenser la place et le rôle de la France. La France d’aujourd’hui richement colorée de sa diversité et des valeurs qui la portent.

Il faut se rendre à l’évidence, le soldat Guéant ne voit pas plus loin que dimanche prochain. Perspicace, Marine Le Pen s’en est rendue compte, qui lui propose d’être «adhérent d'honneur du FN». Félicitations Mr Guéant!