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France : trente ans de réclusion pour Cédric Jubilar, un verdict fondé sur un faisceau d’indices

Le silence a envahi la salle d’audience de la cour d’assises du Tarn lorsque le verdict est tombé, vendredi à 15 h 17. Après près de six heures de délibération, les six jurés et trois magistrats ont déclaré Cédric Jubilar coupable du meurtre de son épouse Delphine Aussaguel et l’ont condamné à trente ans de réclusion criminelle. Une peine conforme aux réquisitions de l’avocat général Pierre Aurignac, qui avait demandé «une réponse pénale extrêmement ferme» pour ce meurtre aggravé.

Ce verdict met fin -provisoirement- à près de quatre ans d’une affaire hors norme. Car le corps de Delphine Aussaguel, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, n’a jamais été retrouvé. Faute de preuve matérielle directe, les jurés se sont appuyés sur un faisceau d’indices concordants, qu’ils ont jugé suffisant pour emporter leur conviction.

La défense, qui a immédiatement annoncé qu’elle ferait appel, pointe les nombreuses zones d’ombre de l’enquête : absence de scène de crime clairement établie, mobiles incertains, et surtout, la disparition inexpliquée de la jeune infirmière. Les avocats de l’accusé espèrent que ces incertitudes pourront jouer en faveur de leur client lors du nouveau procès, prévu en 2026.

Des confidences à plusieurs codétenus

Durant les audiences, Cédric Jubilar a été desservi par son propre comportement. L’homme de 38 ans s’est montré souvent désinvolte, ironique, et ses déclarations ont parfois semé le trouble. Les magistrats ont également retenu les confidences qu’il aurait faites à plusieurs codétenus et à l’une de ses maîtresses : il aurait admis avoir tué sa femme parce qu’elle le trompait, et affirmé avoir caché son corps. Ces éléments, bien que non corroborés par des preuves matérielles, ont pesé lourd dans la balance.

Les proches de Delphine Aussaguel, eux, ont accueilli la décision dans une intense émotion. Les membres de la famille, réunis au premier rang, se sont effondrés en larmes à l’énoncé de la peine. L’oncle de la victime a fait un malaise, nécessitant l’intervention de secouristes. «C’est la première fois que je vois certaines personnes craquer : c’est bon signe, c’est sain », a confié l’avocate Malika Chmani, qui représente les enfants du couple, à la sortie de l’audience.

Au-delà du procès lui-même, cette affaire a tenu l’opinion publique en haleine pendant des années. Les audiences ont attiré une foule considérable, chaque étape de la procédure donnant lieu à une couverture médiatique intense. Cette mobilisation traduit aussi, selon plusieurs observateurs, un engouement national pour les faits divers, symptôme d’une société en quête de récits, mais aussi traversée d’angoisses profondes.

Le procès en appel, déjà annoncé, devrait relancer le débat autour de ce dossier où les certitudes manquent autant que les passions débordent.

 

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