Algérie : climat de pré-campagne à l’approche de législatives décisives
Par N.TPublié le
Les législatives prévues pour le printemps 2012 dans un contexte marqué par les retombées des révolutions arabes animent le paysage politique algérien. Les partis se mettent en ordre de bataille, le pouvoir est à la manœuvre pour conserver la majorité au parlement et agite le spectre de l’islamisme.
La bataille fait rage au sein de l’ancien parti unique (FLN) entre « redresseurs » et partisans de l’actuel secrétaire général, ex-chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, personnalité très proche des islamistes. Malgré une pétition demandant sa destitution comportant plus de 10.000 signatures, ce dernier s’obstine à vouloir mobiliser ses troupes et prétend pouvoir résister à ses détracteurs. Son camp ambitionne de rafler pas moins de 144 sièges dans une assemblée qui passera vraisemblablement de 389 à 430 sièges.
Le Rassemblement national démocratique (RND), formation libérale membre de «l’alliance présidentielle» et dont le premier dirigeant occupe le poste de Premier ministre, table également sur un score appréciable. Le parti mobilise ses troupes en comptant bien tirer profit des divisions internes à son frère ennemi, le FLN.
Membres de la même alliance, les islamistes du « Mouvement de la société pour la paix » (MSP) changent précipitamment de veste pour tenter de revêtir l’uniforme d’opposants en tablant sur une vague verte à l’image de la Tunisie, du Maroc et de l’Egypte. Le fait est seulement que la formation n’a pas bonne presse dans son camp en raison justement de sa participation au gouvernement. D’autres partis islamistes s’apprêtent à entrer en scène avec la bénédiction du pouvoir qui ambitionne de semer la division.
Absent des processus électoraux depuis 1997, le Front des Forces Socialistes (FFS), parti d’opposition implanté en Kabylie et dans l’Algérois, a renouvelé son état major dans un climat de « coup de force » et se prépare à l’organisation de son congrès avant de se lancer dans la bataille électorale
Autre parti d’opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) vient de tenir une session extraordinaire de son conseil national consacrée à l’analyse critique des réformes en cours et aux élections législatives. La formation pourrait également tenir un congrès avant les législatives. Son dirigeant, Said Sadi, dit ne pas craindre une majorité islamiste « à condition qu’elle s’assume » et qu’il « vaut mieux un islamiste qui s’assume qu’un FLN qui nous consume ».
Le pouvoir enfin est à la manœuvre pour soigner son image, délivrer des messages rassurants à la communauté internationale et surtout freiner l’effondrement des ses formations supports.
Selon des informations non confirmées officiellement, un remaniement ministériel pourrait intervenir avant la fin du mois, avec la nomination de « technocrates » plutôt que de ministres appartenant à « l’Alliance présidentielle ». Bouteflika désignerait à la tête du gouvernement le ministre actuel des ressources en eau particulièrement en vue, en raison d’améliorations notables dans le secteur.
L’émergence d’une majorité islamiste à la prochaine Assemblée qui sera chargée de l’adoption d’une nouvelle Constitution reste cependant un scénario plus que probable. Dès lors, le pouvoir agite le spectre de l’islamisme pour provoquer un courant d’opinion en sa faveur, « sauver les meubles » et conserver des leviers de commandes stratégiques, notamment les ministères « de souveraineté » (AE, Défense, Intérieur…)