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Maroc : le « printemps arabe » taché de sang prend des couleurs d’espoir

Promesse tenue, le roi du Maroc propose à son peuple une réforme de la Constitution. Le texte qui sera soumis à référendum le 1er juillet prochain marque assurément un tournant. Le souverain s’est placé en retrait tout en conservant les fonctions de chef suprême de l’armée, son autorité religieuse et son rôle d’arbitre.

La conduite de la politique générale du pays sera l’affaire du «président du gouvernement » issu de la majorité parlementaire. La nouvelle Constitution du Maroc consacrera l’égalité homme-femme. L’islam restera religion de l’Etat, mais la liberté de culte n’en sera pas moins garantie par le souverain qui préservera par ailleurs l’indépendance de la Justice. Le Tamazigh devient enfin langue officielle au même titre que la langue arabe.

Aussi importantes soient-elles, ces avancées sont jugées insuffisantes par le «Mouvement du 20 février» qui porte depuis quelques mois les revendications de la jeunesse pour plus liberté et de démocratie. Un appel est lancé pour une manifestation pacifique dimanche 19 juin dans les grandes villes du royaume.

Aux yeux d’une fraction de la population marocaine, Mohammed VI restera en effet omniprésent dans la sphère politique, concentrant des pouvoirs clé.

Une monarchie pleinement parlementaire, à l’image de l’Espagne ou de l’Angleterre, aurait à coup sûr fait l’unanimité. Qu’à cela ne tienne, le Maroc n’en fait pas moins un grand pas en avant et il est plus que probable de voir une grande majorité d’électeurs approuver le projet de réforme constitutionnelle.

Restera au futur « président du gouvernement » que porteront au pouvoir des élections législatives anticipées à affronter les indicateurs sociaux tous au rouge, dont notamment le chômage des jeunes diplômés (jusqu’à 40%) et les inégalités sociales croissantes. La masse des laissés-pour-compte ne voit toujours pas venir les retombées des chantiers d'infrastructures et de logistique d’envergure, ainsi que des plans sociaux annoncés en grande pompe par le souverain.

Cela étant, à l’heure où le régime syrien fait abattre au quotidien des centaines d’opposants, après les épreuves subies par les peuples Égyptiens et Tunisiens qui se relèvent à peine de dizaines d’années de pouvoir totalitaire, dans le contexte de guerre interne qui déchire la Libye et le Yémen, le «printemps arabe» taché de sang prend au Maroc des couleurs d’espoir.