A l'aube de la démocratie tunisienne
Par N.TPublié le
Ils ont crée le printemps en hiver sur les cendres d'une dictature particulièrement abjecte, propageant du coup dans le reste du monde arabe cette envie d'en découdre avec des despotes à la tête de ploutocraties dégoulinantes de corruption; ils ont aidé à briser tous les murs de la peur, à Tunis, Rabat, Alger, Sana'a, Le Caire, Damas, Tripoli ; ils ont même secoué les monarchies pétrolières, où le feu couve désormais sous l'oeil inquiet des amis américains qui n'en demandaient pas autant et si vite. les Tunisiens se préparent à présent à savourer, dès le 23 octobre, la seconde victoire après la chute de Ben Ali: l'élection d'une Assemblée Constituante.
Situation inédite dans le monde arabe, cette expérience fait rêver les autres peuples et désespère leurs dirigeants. Le scrutin tient aussi en haleine les représentations diplomatiques des pays occidentaux, curieuses de mesurer ces premiers pas sur le terrain de la Démocratie.
Les regards se tournent sans surprise vers les mouvements islamistes dont on dit qu'ils reviendraient au galop en terrain conquis, avec le soutien d'une grande partie de la jeunesse déboussolée, confrontée au chômage, et d'une fraction de la bourgeoisie et des élites intellectuelles.
Les spéculations vont bon train qui donnent les islamistes quasiment aux commandes d'une Assemblée disposée à approuver une loi fondamentale coulée dans le moule de la Charia (loi islamique).
Ces pronostics faciles font les choux gras de la presse occidentale depuis déjà quelques semaines. Les événements qui ont suivi la diffusion par une chaîne TV du film "'Persépolis" ont donné du grain à moudre.
Reste une donnée et pas des moindres: la formidable aspiration de la société civile tunisienne à une authentique démocratie, à la modernité, au progrès social, aux droits de l'Homme et aux libertés. C'est ce vent de révolte qui a balayé en un temps record le régime de Ben Ali que nul n'imaginait chuter un jour, à commencer justement par une grande majorité de médias occidentaux et de leurs gouvernements. Et c'est, à n'en point douter, ce même vent de révolte qui contiendra la montée des intégristes islamistes qui se sont fait une santé à la faveur du désordre post-révolutionnaire.
Dimanche 23 octobre, le coeur des peuples arabes battra à coup sûr pour un nouveau printemps, à l'aube de la Démocratie Tunisienne.