Les ex-ministres de « l’ouverture » qui lâchent le candidat Sarkozy soulèvent un tollé à droite
Par N.TPublié le
Les personnalités qui avaient participé au gouvernement de droite à l’appel de Nicolas Sarkozy, lâchent ce dernier à l’approche du premier tour du scrutin, déclinant ouvertement leur position en faveur de François Hollande, candidat du Parti socialiste à la présidentielle. Leurs déclarations soulèvent, sans surprise, un tollé dans les rangs du Président sortant.
Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives, de 2007 à 2010, promoteur du revenu de solidarité active (RSA), dont le président sortant a annoncé vouloir restreindre les conditions d'accès a annoncé au journal Le Monde qu'il votera pour François Hollande.
« J'ai l'intention de voter pour François Hollande, qui a bien voulu me demander régulièrement mon avis depuis un an sur les questions de jeunesse, de pauvreté, de lutte contre les conflits d'intérêts, de régulation des hauts revenus et sur une croissance accélérée du service civique, autant de sujets-clés à mes yeux », a-t-il déclaré.
« Je pense que ma liberté est respectée aussi bien par François Hollande qu'elle l'a été par Nicolas Sarkozy, qui m'a laissé libre, tant au gouvernement que depuis que j'ai choisi de le quitter », a ajouté le père du RSA.
Fadela Amara, fondatrice de « Ni putes ni soumises », ex-secrétaire d'Etat à la politique de la ville de 2007 à 2010 a annoncé mardi 17 avril dans un entretien à Libération qu'elle votera également pour François Hollande. Ce dernier, qu'elle considère comme « un ami », est « le plus intelligent à gauche » a-t-elle dit.
« Compte tenu de la crise et des difficultés que nous traversons, on a besoin justement à la tête de notre pays d'un homme capable de cette humanité, non seulement de l'incarner, mais aussi de la transmettre et de transmettre cette dynamique au service de notre pays », a commenté l’ex-secrétaire d’Etat.
Corinne Lepage, présidente de Cap21 et ancienne ministre de l'Environnement de Jacques Chirac, a affirmé mardi son « soutien » au candidat PS à l'Élysée.
« Je suis tout à fait cohérente avec ce que j'ai toujours dit, à savoir que je ne veux pas la réélection de Nicolas Sarkozy. Il est important qu'il y ait un pôle réaliste, au-delà de la gauche, qui vienne soutenir François Hollande », a-t-elle lors d’une conférence de presse déclaré l'ex-candidate à la présidentielle de 2002 (1,88 % des voix).
De la « déception » au « mépris »
Azouz Begag, ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances de Jacques a confié de son côté au Monde qu'il voterait pour M. Hollande.
« J'ai soutenu Dominique de Villepin parce que je lui étais reconnaissant de m'avoir mis le pied à l'étrier. Maintenant, il faut battre Sarkozy. Depuis 2007, je dis non à Sarkozy. Etre antisarkozyste, c'est un début de programme. Je suis fier d'apporter ma pierre à la reconstruction de la France d'après-Sarkozy. Même s'il ne faut pas vendre la peau du mouton avant de l'avoir égorgé », a-t-il dit.
Ces prises de positions dont la liste va probablement encore s'allonger à l'approche du scrutin et entre les deux tours, soulèvent un tollé à droite.
« Je trouve qu'il n'est pas rancunier avec François Hollande et les socialistes qui n'ont rien soutenu des réformes qu'il a faites », a déclaré le premier ministre François Fillon lundi sur BFM-TV, à propos de Martin Hirsch.
« C'est une grande déception (...). J'ai été très peiné de voir la position qu'elle a prise », a de son côté commenté Jean-François Copé, au sujet de Fadela Amara. Le patron de l’UMP n'a jamais été un partisan de la politique « d'ouverture » du début du quinquennat.
« L'éthique gouvernementale ne devrait-elle pas imposer un devoir de fidélité, ou de réserve, vis-à-vis du président sous lequel on a servi ? », a quant à lui écrit sur Twitter, mardi soir, l'ancien premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.
« À quelques jours d'un scrutin, avoir une telle attitude ne m'inspire que le mépris », a craché pour sa part le ministre des transports, Thierry Mariani, dans un chat au Monde.fr.
D’autres soutiens s’exprimeraient dans l’entourage de l’ancien président de la République, Jacques Chirac, le tout étant vécu comme un sale coup fait à la majorité présidentielle qui vit de toute évidence ses derniers jours.