France : l'échec du mode ''Minority Report'' face à l'intervention militaire d'Israël en Palestine
Par nicolas éthèvePublié le
Le pays des Droits de l'Homme n'a pas fini de panser ses plaies, après les scènes de guérillas urbaines observées hier à Paris suite à l'interdiction extraordinaire d'une manifestation pro-palestinienne, que la ville de Sarcelles se retrouve aujourd'hui à feu et à sang, avec, nous dit-on, un cocktail molotov contre une synagogue et des chants pro-Israël de la LDJ...
« Drôle de choix : préférer canaliser un rassemblement interdit et incontrôlable plutôt que de surveiller une manif autorisée ». Ce tweet posté par Jérôme Godefroy résume à lui seul ce qui semble l'évidence pour beaucoup de citoyens français. Dont ceux de la Ligue des Droits de l'Homme qui ont publié ce communiqué très étayé pour s'indigner de la décision extraordinaire (au sens rarissime du terme), prise par la préfecture de police de Paris d'interdire la manifestation programmée ce samedi 19 juillet dans la capitale nationale. Comme 6 députés PS et EELV (Alexis Bachelay, Yann Galut, Razzy Hammadi, Mathieu Hanotin, Pascal Cherki et Philippe Doucet) qui ont également diffusé un communiqué de presse jugeant que cette mesure d'exception préconisée par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve était « disproportionnée ».
Anticipation
On peut aussi entendre l'argument de Manuel Valls, le Premier Ministre du gouvernement français, selon lequel « ce qui s’est passé hier encore à Paris, des débordements inacceptables, justifient d’autant plus le choix qui a été fait avec courage par le ministre de l’Intérieur d’interdire une manifestation ». Tout en s'inquiétant que la fiction du roman d'anticipation « Minority Report » de Philip K. Dick dépasse déjà la réalité...
On peut aussi comprendre que ce genre de tweets ignobles pousse à nourrir l'amalgame entre manifestations pro-palestiniennes et « antisémitisme », un ressort de la lutte contre l'antisémitisme qu'a également utilisé Manuel Valls, tout en justifiant l'interdiction de la manifestation parisienne d'hier soir.
Demain j'vais a une manifestation pro-Palestine pour casser du juif si y'en a mdrr je ferai des photos
— Guerrier de Desert (@TaRienNadir) 18 Juillet 2014
On peut aussi regretter, très amèrement, qu'un manifestant montpelliérain arbore ce t-shirt (Hamas Inside), le Hamas n'étant pas des enfants de chœur, comme d'autres intégristes, non-encore identifiés, qui grandissent dans l'ombre coercitive de l'occupation israélienne.
@Antoine_Sillani et à Montpellier... Le Hamas pic.twitter.com/KeXqE3zoqF
— Jacques DRIOT (@JacquesDriot) 16 Juillet 2014
Mais on peut aussi constater que sur les nombreuses manifestations pro-palestiniennes organisées en France et dans le monde, seule celle de Paris s'est soldée par de véritables scènes de guerres civiles. Avec 44 interpellations et de très nombreux blessés, dont 17 policiers, aucun autre chiffre n'étant en notre possession. Cinq jours après le 14 juillet, ces scènes diffusées par milliers sur tous les réseaux sociaux font très mal aux valeurs inscrites au fronton de notre République : « Liberté, Égalité, Fraternité ». En voici une, à visionner à partir de la 2ème minute :
Et une deuxième, parmi tant d'autres photos et vidéos :
Des images à mille lieux de la manifestation légale et « bon enfant », selon l'expression de France 3 Languedoc-Roussillon, qui s'est déroulée sans heurts de la place de la Comédie jusqu'à l'hôtel de Ville de Montpellier, comme dans les autres villes de France et du monde où la liberté d'expression a été respectée :
Après les tristes faits de ce week-end qui sont la suite de 13 journées d'une opération « Protective Edge » finalement bien mal nommée au vu de son bilan, on a envie de dire qu'une seule chose, à Médiaterranée : vivement que le massacre actuellement en cours s'arrête au plus vite, pour les Palestiniens, pour les Israéliens, pour la France et pour le monde. Vivement que les Israéliens et les Palestiniens vivent en paix, mais le verra-t-on de notre vivant ?
Pour l'heure, à Sarcelles, en Île-de-France, au lendemain de l'interdiction de la manifestation parisienne et à l'heure où sont écrites ces lignes, la barbarie se poursuit. Avec d'un côté des casseurs qui, selon une information exclusive du Figaro, ont attaqué une synagogue avec notamment un cocktail molotov, à l'issue d'une manifestation également interdite...
Et de l'autre, des membres de la Ligue de Défense Juive (LDJ) qui depuis le début de la guerre menée en territoires occupés palestiniens, sévissent sur le sol français, comme nous vous l'avions notamment relaté ici sur Médiaterranée.
Aujourd'hui à Sarcelles, la LDJ qui se trouve interdite aux États-Unis et en Israël en raison de son extrême dangerosité (elle a été qualifiée de « groupe terroriste » par le FBI en 2001), a encore chanté pour sa vision violente d'Israël, au côté des forces de l'ordre françaises, en toute tranquillité...
Contacté par Médiaterranée, Jean-Claude Lefort, député honoraire et président de l'Association France-Palestine Solidarité indique que le géopolitologue français Pascal Boniface a été pris à parti sur les réseaux sociaux par la LDJ. Ce fondateur de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques rappelait ceci, hier, dans les colonnes du Figaro :
« L'immense majorité de ceux qui se déclarent solidaires des Palestiniens combattent l'antisémitisme et toutes les formes de racisme, et se prononcent pour la solution des deux États, donc en faveur de l'existence d'Israël »