«Des Rites et des Hommes», au musée archéologique de Montpellier Agglomération.

France : quand les Gaulois coupaient des têtes...

L'étude des choses anciennes est toujours fort instructive. C'est ce que démontre agréablement une visite du musée Henri Prades de Montpellier Agglomération, à Lattes, en région Languedoc-Roussillon (France). Situé sur le site archéologique de l'antique Lattara, qui fut un grand port lagunaire de la Méditerranée, ce musée présente, jusqu'au 8 janvier 2012, une exposition temporaire riche d'enseignements et de surprises.

Intitulée « Des Rites et des Hommes », cette grande exposition nous offre un beau voyage dans le temps à la découverte des « pratiques symboliques des Celtes, des Ibères et des Grecs en Provence, en Languedoc et Catalogne ». Entre 800 av. J.-C. et 100 ap. J.-C., précisément. Sur les 240 pièces présentées en provenance de la Catalogne et, surtout, des 25 sites archéologiques répartis sur le pourtour de la Méditerranée nord-occidentale (1), 113 pièces ont été découvertes très récemment.

Qu'apprend-on de cette exposition ? Beaucoup de choses... Notamment que les Gaulois aimaient beaucoup couper les têtes de leurs ennemis vaincus. Souvent celles, d'ailleurs, de leurs proches voisins, également celtes, avec lesquels les conflits étaient apparemment monnaie courante. Tranchées d'un coup d'épée, ces prises de guerre étaient ensuite exposées sur des poteaux ou contre les remparts de la ville. Avec leur surface crânienne percées de clous et sculptée par des fines entailles qui restent à ce jour une énigme...

Mis à jour par les fouilles archéologiques, ces reliquats de l'Histoire sont parfaitement mis en lumière au musée Henri Prades. Comme l'impressionnante reconstitution du portique à deux étages découvert sur le site de Roquepertuse, un portique où étaient bien entendu logés quelques crânes, en guise d'avertissement. Projeté en continu, un excellent film d'une douzaine de minutes (2), parachève à point, images documentaires et 3D à l'appui, l'espace réservé aux rites celtes.

Le grand fossé

A ce stade du parcours muséographique, le visiteur est prêt à plonger dans une nouvelle dimension : celle du grand fossé qui sépare les populations celtes, ibériques et grecques, bien qu'elles partagent la même époque. Avec d'un côté la culture orale, et visiblement très guerrière, des Gaulois. Et de l'autre, la culture écrite et plus spiritualiste, des Grecs. Au milieu, restent les Ibères et leur tronc commun avec ces deux populations. En résumé, ils peuvent couper des têtes, comme les Celtes, mais érigent aussi des temples, comme les Grecs.

« Les Ibères ont peut être été plus influencés par la présence grecque qui s'installe dans leur région, avec notamment la colonie d'Amporias, suppose Lionel Pernet, conservateur et directeur du site archéologique de Lattara. Chez les Ibères, on retrouve aussi des statuettes, dont certaines imitent les vases à parfum grecs, ce qui témoigne d'échanges un peu plus nets avec le monde grec, que dans le monde celtique ».

Ces statuettes sont également visibles au musée Henri Prades, comme une foule d'autres pièces (3), parmi lesquelles de nombreux reliquats de la vie quotidienne des populations celtiques, ibériques et grecques. Ces dernières gardent un grand point commun, également partagé avec les Romains : le rituel du sacrifice des animaux, offerts pour partie (souvent celle qui ne se mangeait pas) aux dieux.

A noter : L'exposition temporaire « Des Rites et des Hommes », c'est également un cycle de conférences gratuites qui débutent ce jeudi 22 septembre, à 18h30, au musée Henri Prades (4). Avec une évocation du monde Celte effectuée par le chercheur Jean-Louis Brunaux (CNRS), à travers la figure mythique du druide. Loin des représentations qui lui sont associées (prêtre, devin, magicien, sorcier), l’étude des textes les plus anciens révèlent, encore une fois, une toute autre réalité. Celle de savants, de philosophes même, qui inspiraient le respect à leurs voisins civilisés.

N.E

(1) De l'ouest, à l'est : La Bastida de les Alcusses, Puntal dels Llops, Castellet de Bernabé, Tivissa, Ullastret, Ampurias, Pontos (Espagne) ; Pech Maho, Montlaurès, les Touriès, la Ramasse, Castelnau-le-Lez, Lattes, Corconne, Le Cailar, Nîmes, le Marduel, Glanum, Cavaillon, Martigues, Roquepertuse, Marseille, Entremont, Olbia, L'Acapte (France).
(2) « Quand les Gaulois perdaient la tête - Enquête archéologique sur les têtes coupées », réalisé par David Geoffroy, Court Jus Production (Sugères). Produit par Montpellier Agglomération et l'Agences nationale de la recherche.
(3) Toutes les pièces de l'exposition sont présentées dans le catalogue « Des Rites et des Hommes », réalisé sous la direction de Réjane Roure et Lionel Pernet (Éditions Errance).
(4) Accès libre dans la limite des places disponibles. Pour en savoir plus : www.montpellier-agglo.com/museearcheo.