Contrebande en Algérie: 1,5 milliards de litres de carburant détournés chaque année vers l’étranger

La contrebande spécialisée dans le trafic du carburant fait sortir illégalement de l'Algérie 1,5 milliard de litre par an, a indiqué lundi le ministre algérien de l'Energie et des Mines Youcef Yousfi, cité par l'agence officielle APS.

« Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d'une manière illégale. Cela représente un milliard de dinars (12,82 millions de dollars) », a fait savoir le ministre dans une déclaration à la presse en marge d'une visite de travail dans la province d'El Oued, située à 650 km au sud-est d'Alger, avant d'ajouter qu'avec cette quantité, 600.000 véhicules tournent au-delà des frontières du pays.

Qualifiant la contrebande de carburant de "gangrène pour l'économie nationale", M. Yousfi a rassuré que le gouvernement a pris des mesures fermes et compte sur la collaboration des autorités locales des régions frontalières concernées.

Le 14 juillet, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui a lui qualifié ce phénomène de "problème tant sécuritaire qu'économique", a indiqué que "25% de la production nationale de carburant est gaspillée et exportée illégalement aux frontières".

Ces réactions d'officiels autour de la contrebande de carburant interviennent après des semaines de tensions sur ce produit qu'ont connues les régions des frontières ouest et est du pays.

Pour faire face à cette situation de pénurie qui provoque des files d'attente au niveau des stations-service, le wali (préfet) de Tlemcen, une province située à 530 km à l'ouest d'Alger et à la frontière avec le Maroc, a signé un arrêté plafonnant les ventes de carburants à 500 DA (6,4 dollars) pour les véhicules utilitaires, et à 2.000 DA (25,6 dollars) pour les camions, contre 10.000 DA (128,2 dollars) auparavant.

A en croire M. Ould Kablia, Tlemcen, qui compte environ un million d'habitants, consomme plus de carburants que celle d'Alger, dont la population est estimée à environ trois millions.

Les contrebandiers sont motivés par les prix très bas du carburant appliqués en Algérie,  classée troisième pays où le prix du carburant est le moins cher au monde.*

 Avec un prix à la pompe de 22,6 DA/litre (0,28 dollar) pour l'essence et 13,7 DA (0,17 dollar) pour le gasoil, l'Algérie arrive derrière l'Arabie Saoudite et le Venezuela.

Au Maroc, un litre d'essence coûte 12,24 dirhams (1,45 dollar), contre 8,20 dirhams (0,97 dollar) pour le gasoil, tandis qu'en Tunisie, un litre d'essence vaut 1,570 dinar tunisien (0,94 dollar), contre 1,170 dinar tunisien (0,70 dollar) pour le gasoil