Algérie: l’après In Amenas, un tournant décisif
Par N.TPublié le
L’Algérie reprend à peine son souffle et dresse le bilan de la tragédie d’In Amenas. L’incroyable silence du chef de l’Etat a été comblé par une conférence de presse du Premier ministre venu livrer les «détails de l’attaque terroriste».
Celle-ci était planifiée depuis plus de deux mois apprend-on, et le groupe terroriste «serait venu de la région d’Aguelhok, Nord du Mali». Ces hordes auraient « longé les frontières algéro-malienne et algéro-nigérienne avant de se diriger vers la région d’Abid, près de Ghat.»
Puis elles ont tranquillement approché un site gazier ultra-sécurisé jusque dans un périmètre hautement sensible avec l’objectif d’intercepter un bus et de s’approvisionner en otages étrangers à emmener au Nord Mali !
Au bout du compte: un scénario tragique et meurtrier. Il aura fallu l’intervention rapide et pour le moins ferme de l’armée, sans concession aucune, pour éviter une catastrophe de grande ampleur, car les terroristes avaient bel et bien l’intention de faire exploser les installations.
Comment cette colonne de malfrats convertis dans le « djihad » a-t-elle pu ainsi évoluer sans éveiller les soupçons des services de renseignements algériens, pourtant réputés parfaitement rodés et plutôt efficaces? Peut être ont-ils tout bonnement cru à un mirage ou confondu ces mouvements avec une paisible caravane de nomades…
Dans la réalité, la situation est à n’en point douter plutôt inquiétante. Il faut croire que quelque chose a sérieusement grippé dans le dispositif de lutte anti-terroriste, qu’un maillon de la chaîne a étrangement foiré.
Ce « dysfonctionnement » est éloquent. Il est le signe d’une politique de relâchement face aux terroristes islamistes. La prise d’otages d’In Amenas est révélatrice d’une reconquête du terrain par ces derniers. Une telle opération était impensable même aux pires moments de la « décennie noire ».
Trop occupée à échafauder des plans diaboliques pour se maintenir en place et continuer à pomper la rente, la classe politique au pouvoir a multiplié les concessions, s’est accommodée d’une montée sournoise de l’intégrisme qui prend racine dans la société, imprègne les modes de vies et les mentalités.
L’Algérie d’aujourd’hui est un pays qui recule sous le poids de l’obscurantisme, de la corruption, de l’incompétence, de l’affairisme, de l’argent sale. Il n’est pas étonnant que dans un tel contexte, des colonnes de terroristes soient en mesure de se balader dans le désert et de porter des coups durs. Et les soldats qui continuent encore à traquer les poches d'AQMI dans les maquis kabyles, se sentent sûrement bien seuls, privés du soutien politique à la mesure de leur combat.
L’après In Amenas doit conduire à un sursaut contre cette régression ravageuse. C’est un tournant décisif pour le pays.