Résidents du Refuge, ils écrivent contre l'homophobie : le témoignage de Gildas !
Par nicolas éthèvePublié le
Médiaterranée, le Refuge et MonRubanBleu® s'associent pour donner la parole chaque dimanche, à un jeune résident du Refuge. Au travers de leurs écrits, ils racontent leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe pour qu'elle disparaisse de ce monde. Aujourd'hui, nous vous livrons le témoignage de Gildas.
Deux mois après la mort de Peter, ce jeune homosexuel que ses parents homophobes voulaient exorciser pour qu'il « change de bord », Le Refuge, MonRubanBleu® et Médiaterranée ont décidé de s'associer pour donner chaque dimanche de ces prochaines semaines, la parole à un résident du Refuge. Pour qu'ils puissent, chacun à leur tour, vous raconter leur histoire et leurs difficultés face à l'intolérance homophobe. Parce que l'écriture libère et transforme les êtres et le monde.
Après le précédent témoignage de Denise, nous vous livrons ce dimanche 24 août, celui de Gildas, une jeune aujourd'hui âgé de 22 ans et heureux de vivre, grâce au Refuge.
Le témoignage de Gildas
« J'ai compris que j'étais homosexuel quand j'ai eu 18 ans. C'était à mon entrée au lycée. Certains de mes amis assumant déjà leur homosexualité, et étant déjà eux-mêmes, acceptés, malgré tout, par d'autres amis en commun, y compris au lycée, j'ai donc assumé mon homosexualité sans difficulté pour ce qui était du lycée.
Par contre, dans ma famille d'accueil, je ne voulais pas qu'ils le sachent, car lorsque l'on voyait des reportages ou des séries dans lesquelles il y avaient des homosexuels, ils disaient regarde les, les "PD", c'est honteux. Un jour où mon copain me ramenait au lycée, alors que nous étions main dans la main dans une rue où il n'y avait presque personne, j'ai croisé mon oncle, il m'a regardé avec un regard froid, dévisagé de la tête au pied, il est passé à côté de moi et m'a mis un coup d'épaule.
Le lendemain en allant sur Facebook, j'ai découvert un message de ma mère, à qui je ne parlais plus depuis plus de 3 ans : ''J'ai eu Christopher hier, il m'a dit qu'il t'avait croisé avec un mec, apparemment vous vous teniez la main, si tu avais été éduqué par moi tu ne serais jamais devenu "PD", tu es la honte de la famille, tu peux dire que je n'ai pas été une bonne mère mais alors toi tu es un "PD", il faut vraiment que tu ailles en psychiatrie mon fils, tu es un malade mental, ta grand-mère t'aurais tué si elle était encore vivante, tu mérites d'aller te faire violer en prison, tu apprendrais ce qu'est la vie, tu n'es plus mon fils je te renie, ne viens même pas sur ma tombe quand je serais morte, je ne veux pas d'un fils "PD", toute la famille te reniera, tu mérites de crever en enfer''.
Quand je suis rentré chez moi, je me suis effondré, je n'ai pas osé en parler à ma famille d'accueil car j'avais peur de leur réaction, avec ma famille je m'entendais bien j'étais arrivé chez elle a l'âge de 1 an et demi, c'était comme mes parents, ils m'avaient soutenu quand j'ai été opéré du cœur, soutenu quand ma mère m'a laissé tomber pendant plus de 1 an et demi pour aller voir ses copains, mais lorsque ma meilleure amie , qui était excédée par le comportement autoritaire de ma famille d'accueil leur annonça que j'étais homo, ça a changé d'un coup : je devais rester dans ma chambre quand je rentrais du lycée, je devais manger en 5 min et remonter aussitôt, je devais rentrer le mercredi après midi à pied, 2 heures de trajet, car il n'y avait pas de bus et ils ne voulaient pas venir me chercher, je devais passer mes week-ends hors de chez eux parce qu'ils voulaient être tranquilles, à chaque fois qu'ils parlaient des homosexuels à la télé, j'avais le droit aux insultes "sale race" , que des "PD", ils n'ont qu 'à s'enculer, je devais toujours laver mon linge à part, je n'avais plus de droit de passer un peu de temps avec les petits, je ne devais pas toucher le bébé. Au début, je ne disais rien pensant que ça passerait, mais au bout d'un mois ça me démangea, alors j'ai commencé à leurs répondre, et en décembre 2012, j'ai été convoqué par mon éducatrice qui m'a annoncé que ma famille d’accueil ne voulait plus de moi et qu'ils me laissaient une semaine pour partir et trouver quelque chose.
J'ai essayé jusqu'à la dernière minute de les faire changer d'avis, de leur dire que ce n'est pas grave d'être homo, qu'ils ne pouvaient pas effacer plus de 19 ans de vie commune d'un seul coup, mais ils n'ont rien voulu entendre. Alors j'ai quitté la Normandie, je me suis donc retrouvé chez Florence, la maman de mon copain, qui m'a ouvert la porte de chez elle alors que ça ne faisait qu'un mois que j'étais avec Julien. Elle m'a accueillie sans problèmes, ça, s'est super bien passé, mais étant nombreux dans l'appartement, elle m'a trouvé le Refuge.
J'ai souvent reçu des SMS de Laura me demandant comment ça allait et puis le 6 février 2013, j'ai intégré le Refuge. Au début, j'avais peur, je me disais, je ne veux pas, mais quand j'ai vu l'équipe, souriante attentive et rassurante, j'ai fini par comprendre que ça ne serait pas si terrible que ça, et puis les jours, les semaines les mois ont passé, j'ai trouvé un travail, je me suis rapproché des autres jeunes, des bénévoles, des salariés, de Nicolas et Frédéric, des adhérents, ils m'ont fait confiance, m'ont permis de rencontrer des gens exceptionnels, j'ai retrouvé un équilibre, une joie de vivre, une vraie famille. Le 6 janvier 2014, j'ai pris mon envol, grâce au Refuge, j'ai enfin une vraie vie, et surtout une Famille, depuis la soirée de lancement des clips pour la campagne 2014 de l'association, j'ai rencontré d'autres membres de cette grande Famille, depuis ce jour, je suis heureux, je me sens bien dans ma vie, et surtout, j'ai une famille que j'adore : le Refuge. Qui sera toujours là pour moi, et moi, je serai toujours là pour eux''.
Le spot de campagne 2014 du Refuge :