Migrants: la voix éteinte de l’Europe humaine et solidaire
Par N.TPublié le
Image lamentable que celle de l’Europe affolée devant l’afflux des migrants à ses frontières, attitude révoltante que celle de ses dirigeants qui se fendent de grandes déclarations, font mine de découvrir l’ampleur d’un drame pourtant annoncé au fil des aventures géostratégiques occidentales aux conséquences désastreuses, qui ont pulvérisé des pays entiers, précipité leurs peuples dans la misère, ouvert la voie à la barbarie, nourri les monstres qui prospèrent aujourd’hui sur les décombres de l’Irak, de la Libye, de la Syrie, décapitent, violent, pillent, se livrent à des crimes de masse sur des populations subsahariennes sans défense…
Triste constat : les migrants qui déferlent par centaines de milliers sur les côtes grecques et italiennes, sur les routes des Balkans de l'Ouest, ne suscitent pour l’instant que des manifestations d’hostilité et de haine. Des médias agitent le spectre de l’invasion, des personnalités politiques réclament le rétablissement des frontières intra-européennes, d'obscurs commentateurs répandent des discours qui sèment la panique ; l’extrême-droite allemande se déchaîne dans la violence, les autorités hongroises dressent un mur à la frontière avec la Serbie, la France et la Grande-Bretagne renforcent les dispositifs de traque et de répression des personnes qui végètent à Calais.
Les opinions européennes font, elles, preuve d’une scandaleuse indifférence. Le nombre effrayant de morts aux portes de l’Europe s’est banalisé à la rubrique des faits divers et qui plus est en période estivale. Le sort des migrants interpelle pourtant les consciences. A Madrid, à Athènes, à Paris, à Berlin, à Vienne, partout, l’Europe humaine et solidaire se doit de pousser un cri d’indignation, de porter haut et fort cette voix qui reste pour l'instant honteusement éteinte.