Montpellier : Des roses et des souvenirs pour Georges Frêche
Par nicolas éthèvePublié le
''La famille socialiste'' a rendu hommage à Georges Frêche, hier, 3 ans jour pour jour après sa disparition. Des roses ont été déposées au pied et à la main de sa statue, avant que Hussein Bourgi et Claudine Frêche n'évoquent à la fédération du PS 34 celui que François Hollande appelait ''l'Oracle''.
Instants émouvants, ce jeudi 24 octobre 2013, pour la commémoration du 3ème anniversaire du décès de Georges Frêche. A 18h, quelque 200 personnes se sont rassemblées au pied de la statue Georges Frêche. Pour après un discours introductif de Claude Cougnenc, le président de Georges Frêche l'Association, lui rendre dans un très long silence, un hommage plein de recueillement, les yeux souvent levés au ciel, face au doigt docte de son effigie. Doigt fleuri spontanément d'une rose, comme une évidence, par l'une des personnes présentes à ce rassemblement :
Parmi elles, Claudine Frêche, ses filles Julie et Marion, bien sûr, et de nombreux élus, notamment le président de Montpellier Agglomération, Jean-Pierre Moure, le président de la Région Languedoc-Roussillon, Christian Bourquin, la députée Fanny Dombre-Coste ou encore l'adjoint au maire MoDem Frédéric Tsitsonis. Mais aussi des militants, des fidèles, des sympathisants, bref, des proches de Georges Frêche. Une « famille socialiste » que Hussein Bourgi, le premier secrétaire fédéral, a ensuite accueillie au QG départemental du PS 34, avenue Saint Maur, ou se sont récemment conclues les primaires internes socialistes de Montpellier.
Trois chansons (Le temps des cerises, Ma France et Ce Georges) ont retenti dans les murs de la fédération, où les mots de Hussein Bourgi et Claudine Frêche ont également résonné.
Au fil de son discours, Hussein Bourgi, qui a suivi durant de nombreuses années Georges Frêche, a expliqué pourquoi, le deuil faisant son oeuvre, il était temps, désormais, de donner son nom à la salle de réunion de la fédération socialiste, où son portrait est désormais affiché. Le premier secrétaire de la fédération socialiste de l'Hérault a ensuite raconté de nombreuses anecdotes, très savoureuses, sur celui qui a marqué l'histoire de Montpellier.
Avant de vous livrer ici, sur Médiaterranée, un florilège de ces souvenirs vrais qui ont fait rire l'assistance de bon cœur, soulignons que Claudine Frêche a pour sa part conclu ainsi son propos souriant, également salué par une salve d'applaudissements chaleureux :
« Je remercie Hussein d'avoir eu l'idée de baptiser cette salle Georges Frêche. C'est comme un retour à la maison au sein de cette famille socialiste qu'il a tant aimée. Je sais que peut-être ce genre de manifestation, il n'aurait pas trop aimé, mais enfin, s'il nous voit, s'il nous regarde, après ce que vient de vivre notre fédération, après des primaires qui se sont déroulées dans un climat correct, où le vote des militants s'est exprimé de façon claire, je pense qu'il dirait : ''maintenant, au travail, tous unis, et la meilleure façon de rendre hommage à Georges Frêche, c'est de garder Montpellier à gauche'' ».
Florilège du discours de Hussein Bourgi pour Georges Frêche :
« Un militant parmi les autres »
« C'était un militant parmi les autres, un militant qui prenait un réel plaisir depuis son adhésion au Parti Socialiste, à la fin des années 60 lorsqu'il est arrivé à Montpellier et jusqu'à la fin de sa vie, à venir dans les assemblées militantes, où il passait le plus clair de son temps à échanger, à deviser avec ceux que l'on appelle la base. »
Il ne ratait jamais une « CEF »
« C'était un militant qui ne ratait jamais une réunion du Conseil Fédéral, cette instance qu'il continuait à appeler la CEF (Commission Exécutive Fédérale), alors que depuis très longtemps le PS n’appelait plus cette instance ainsi. Mais c'était une manière, un clin d’œil de la part de Georges Frêche, de nous rappeler que lui était là lorsque la SFIO s'est créée (…), mais les plus anciens s'en souviennent ».
Georges Frêche rajoutait toujours « quelques mots »
« Lors de ces réunions, il arrivait souvent en retard, comme d'habitude, et il s'asseyait au 1er rang, souvent près d'Henri Talvat. Il commençait à discuter. (…) Il écoutait d'une oreille apparemment distraite les débats, qui l'ennuyaient souvent, il feuilletait son calepin, son agenda, il déchirait ses pages, il rajoutait des rendez-vous... Et puis souvent à la fin de la réunion on lui disait : ''Georges, tu veux rajouter quelque chose ?''. Et il commençait systématiquement ainsi : ''bon, puisque vous insistez, l'essentiel a été dis, mais je voudrais quand même rajouter quelques mots...'' Et à ce moment-là, on savait tous que c'était parti pour une heure, une heure et demi, voire plus, de débats, d'exposés, de controverses et d'anecdotes. Preuve qu'il n'avait absolument rien raté de toute la réunion ».
Au BN de Solférino, c'était pareil
« Là aussi, il disait,'' je vais au Bureau Exécutif'' ! (…) Lorsque l'ordre du jour était épuisé et que tous les camarades du Bureau National commençaient à ranger leurs affaires pour partir, il en profitait pour demander la parole. Chacun retenait son souffle en se disant : ''mais qu'est-ce que va raconter Georges Frêche contre des énarques, contre les marquis parisiens ?'' »
Hollande surnommait Frêche « l'Oracle »
« Son érudition lui avait valu de la part de François Hollande, à l'époque 1er secrétaire du PS, ce surnom : l'Oracle. Quand Georges Frêche demandait la parole François Hollande disait : ''attention, l'Oracle va nous livrer sa vérité'' et il lui donnait la parole en disant ''nous écoutons tous l'Oracle''.
De l'art du tribun
« Georges Frêche, c'était un tribun qui était capable de meubler un discours d'1h30 au Zénith, en 1997, lorsque Jospin était en campagne pour les élections législatives (…). Jospin devait passer en direct à la télévision sur France 3 Sud, il lui a dit « vas-y, commence le meeting et essaye de faire patienter les militants ». (…) Nous étions le mardi qui suivait le 1er tour des élections législatives et il a passé en revue les 21 circonscriptions du Languedoc-Roussillon, se souvenant de mémoire des scores réalisés par chacun des candidats de gauche et indiquant pourquoi nous ferions le grand Schelem le dimanche suivant. Il ne s'est pas beaucoup trompé, sur les 21 circonscriptions, nous en avions gagné 20, il n'en restait qu'une seule en Lozère que Jacques Blanc a pu conserver à l'époque. Et lorsqu'au bout d'1 heure et demi Jospin a fini par arriver dans la salle, (…) je me souviens de cette présentatrice de France 2 s'approchant de Georges Frêche et lui disant : ''M. Frêche, grâce à vous, nous n'avons pas vu le temps passer'' ».
Bon vivant et fin gourmet
« Tout le monde se souvient de la fin de ses réunions où il prenait plaisir à passer derrière le buffet dressé pour servir l'apéritif aux militants, profitant de cette proximité pour livrer des analyses tantôt cruelles, tantôt élogieuses sur tel candidat ou tel élu. »
L'exclusion de 2007, une meurtrissure
« Georges Frêche très frondeur comme on le connaît, s'en est allé dès le lendemain expliquer dans les médias et même dans les réunions militantes qu'il était complètement indifférent à cette décision prise par Solférino.
Mais celles et ceux qui le connaissaient, comme vous, comme moi, savent très bien qu'il a été particulièrement affecté et meurtri par son exclusion du Parti Socialiste ».
Une phrase fétiche de Georges Frêche
« Les pieds dans la glèbe, la tête dans les étoiles ».
Le mot de la fin, de Hussein Bourgi
« Georges,
nous nous sommes tant aimés,
nous t'aimons toujours
et tu nous manques beaucoup. »