Le pouvoir n'a pas hésité à réprimer durement toutes les manifestations. (DR)

Algérie : Un an après la levée de l’état d’urgence, les droits de l’Homme et les libertés sont toujours sous une chape de plomb

En Algérie, rien n’a changé depuis la levée de l’état d’urgence le 24 février 2011, au plan des libertés individuelles et collectives et des droits de l’Homme. Tel est le constat du Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH), dont un récent rapport confirme les commentaires de différents acteurs sociaux interrogés par la presse nationale.

Sous le titre « La levée de l’état d’urgence : Un trompe l’œil. Exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation en Algérie », l’organisation épingle les autorités, relevant que contrairement aux annonces, les libertés fondamentales n’ont aucunement été améliorées.

« La levée de l’état d’urgence n’a pas, jusqu’à présent, signifié de meilleure garantie pour l’exercice des droits et des libertés fondamentales, notamment pour les organisations qui exercent leurs activités dans le domaine des droits de l’Homme et qui se penchent sur les abus massifs qui se sont produits pendant la guerre civile », constate l’organisation.

Harcèlement et interdictions de réunions

« Le harcèlement des militants par la police, l’interdiction injustifiée de manifestations et des réunions publiques, de même que le recours à des pratiques administratives abusives pour entraver la création des associations : ces tactiques continuent d’être communément utilisées pour affaiblir la société civile et entraver son action », pointe précisément le texte.

« Dans le domaine législatif, la nouvelle loi organique sur l’information perpétue les restrictions érigées à l’encontre de la liberté d’expression, certaines infractions étant même passibles de peines d’emprisonnement. La nouvelle loi sur les associations réprime la liberté d’association encore plus qu’auparavant », souligne le rapport.

« En bref, même si en principe la levée de l’état d’urgence devait être le signe d’une évolution positive, elle n’a guère, jusqu’à présent, contribué à transformer le cadre répressif dans lequel la société civile algérienne exerce ses activités. D’un point de vue pratique aussi bien que juridique, les organisations de la société civile sont toujours confrontées à d’importants obstacles qui entravent leur travail de promotion du respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales », résume le rapport, notant toutefois que le renforcement des organisations de la société civile « pourrait constituer le moteur de changements importants ».

L’état d’urgence avait été décrété le 9 février 1992 à la suite de l’annulation des résultats électoraux du premier tour des législatives, remportées par le Front islamique du salut (FIS).

Les autorités algériennes ont largement profité des dispositifs de lutte anti-terroriste pour étouffer les voix de la société civile et de l’opposition. Une situation qui a conduit à une perte de confiance totale des citoyens dans les dirigeants et dans la classe politique en générale. Le pouvoir craint en conséquence une abstention massive aux législatives du 10 mai prochain, qui laisserait le champ complètement libre aux islamistes, ramenant alors tout le monde à la case départ, au début des années 1990, dans une nouvelle situation à hauts risques.

Pour consulter le rapport : http://www.euromedrights.org