A Marseille, le 24ème règlement de compte depuis le début de l'année... (DR)

Règlements de compte à Marseille: paroles de Marseillais...

Vendredi, Marseille a une nouvelle fois été le théâtre d’un violent règlement de compte, le 24ème depuis le début de l’année. La victime de ce crime avait 28 ans. Face à une situation de plus en plus insoluble, les habitants de la ville n’ont pas tous la même approche. Paroles de Marseillais.

Avec les règlements de comptes qui se multiplient, Marseille ne fait plus parler d’elle que comme capitale du crime en France. Les membres du gouvernement en visite successives, ou en «tourisme ministériel», selon l'expression de Karim Zeribi (EELV), promettent des mesures qui apaiseraient la situation. En attendant, les Marseillais vivent les faits en tant que spectateurs impuissants de ce triste spectacle. Chacun a son avis, mais tous sont sceptiques sur les solutions envisagées.

Marion a 23 ans et a toujours habité à Marseille. Elle ne peut que constater la dégradation continue de la situation et elle ne se fait pas d’illusion sur une amélioration prochaine. « Les règlements de compte sont liés à la drogue c’est donc certainement ce problème qu’il faut traiter... Je ne suis pas experte en la matière et je n’ai surement pas assez d’informations pour m’exprimer sur ce sujet. Cependant, cette situation, je la vis tous les jours. Mon père m'interdit de prendre le métro à minuit, par exemple.»

Pour cette jeune femme, faire appel à l’armée n’est absolument pas une solution. « C’est vrai que je ne me sens pas en sécurité à Marseille, même sans parler des règlements de comptes. Mais faire appel à l’armée, ça serait abuser... Après ce que l’on a appris sur la Bac nord (Brigade anti-criminalité), on sait qu’il y a des ripoux partout, donc appeler les gros bras de l'armée, je ne vois pas ce que ça pourrait apporter de plus».

Pour Gilles, un commercial marseillais de 54 ans, le recours à l’armée est pourtant une solution envisageable. « Des personnes vont mener des actions de fond pour arrêter ça, mais il faudrait aussi se demander ce que l’on peut faire en tant que citoyen pour améliorer la situation. Il y a un réel problème d'insécurité et c’est pourquoi je pense quand même que l’armée doit être présente pour épauler les policiers dans leur action. Parce qu'en face, c'est aussi une sorte d'armée avec des armes de guerres »

Christine, cadre de 55 ans à Marseille, la question ne doit pas être de savoir quelles armes doivent être utilisées contre ce fléau, mais quelles sont les raisons de l’enracinement de cette situation.
« Je n'ai pas d'idée précise, car je ne connais pas réellement l'ampleur des dégâts. Mais il faut faire éclater les ghettos et les têtes pensantes. Sachant que les réseaux se reconstruisent rapidement et qu'ils gagnent beaucoup plus d'argent qu'un employé basique, c'est difficile de les amener à faire autre chose. C’est très difficile de traiter le problème en profondeur, mais c’est pourtant la seule solution»

Enfin, Sébastien, marseillais depuis moins d’un an dans le cadre de ses études, explique que la situation ne lui semble pas aussi grave que ça. « Non je ne me sens pas en insécurité. Après, si je devais vivre dans ces quartiers où la violence règne, je serai probablement moins serein même s’ils ne tirent pas n'importe où, ou sur n’importe qui. Je ne vois pas comment on peut arrêter ça, je pense que ce n'est malheureusement pas facile. Ceci dit, le trafic il y en aura toujours, au Mexique par exemple, ils utilisent l'armée pour lutter contre et ça ne marche pas ».