Al Qaida pilonne désormais au lance-roquettes (Photo: El Watan)

Malédiction

La peur au ventre à nouveau pour les Algériens face à la menace terroriste qui monte d'un cran avec des attaques spectaculaires. Le pilonnage au lance-roquettes, dans la nuit de samedi à dimanche 25 septembre, d'un aéroport de l'est du pays après le double attentat suicide, la fin du mois dernier, contre l'Académie militaire de Cherchell, rappelle les épisodes à répétition des années noires qui ont saigné le pays.

A la manœuvre, la pieuvre Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), encore et toujours, qui reprend visiblement du poil de la bête après une courte phase d'affaiblissement sous les coups de boutoirs des forces de sécurité algériennes.

Et pour cause! Belle aubaine pour ces meutes d'assassins que les réseaux de trafic d'armes qui prospèrent dans la région du Sahel à la faveur des événements de Libye. Elles trouvent là de quoi s'approvisionner en armes redoutables qui augmentent considérablement leur force de frappe. Les dernières opérations confirment que les livraisons ont déjà rejoint les maquis du nord du pays.

Une chose est sûre désormais, les intégristes islamistes déclarent une nouvelle guerre à l'Algérie. Ils ne désespèrent pas d'en faire un tremplin pour renforcer leurs positions sur le reste du Maghreb. Et les Algériens font ainsi le triste constat de l'échec des politiques hasardeuses de "concorde" et de "réconciliation" qui ont fait la part belle aux "repentis" et à leurs ardents défenseurs dans les coulisses du pouvoir. Ils ont l'amère impression que tous les compteurs doivent être remis à zéro pour la lutte contre l'obscurantisme et la barbarie.

La pieuvre intégriste se redéploie dans un contexte de malaise social à hauts risques, entre la mal-vie de la jeunesse confrontée au chômage de masse et qui ne rêve plus que de "couper la mer", l'économie de bazar ouverte à toutes les spéculations, la corruption à grande échelle, la richesse insolente des affairistes, l'angoissante paupérisation des classes moyenne; le tout sous un gouvernement constitué de ministres dramatiquement incompétents, tout juste bons à gaspiller la rente pétrolière dans d'interminables projets, et dans un mode de fonctionnement politique complètement verrouillé.

Les Algériens vivent aujourd'hui cette insupportable combinaison entre la menace terroriste et un pouvoir de l'ombre totalitaire. Fatigués de la violence qui a fait plus de 200.000 morts en un peu plus d'une décennie, il leur faut à présent trouver les ressources pour sortir pacifiquement de ce cercle infernal, chasser ce qui ressemble à une double malédiction.