Elections législatives italiennes: le spectre du populisme hante l’Europe…
Par N.TPublié le
L’Europe est ébranlée par l’issue des législatives des 24 et 25 février en Italie, troisième puissance économique confrontée à une crise politique qui affole les marchés. Une Chambre des députés à gauche et un Sénat sans majorité rendent le pays ingouvernable.
« Le résultat des élections italiennes constitue un tremblement de terre qui ne secoue pas la seule péninsule mais bien l'Europe entière. En effet, ce scrutin a été plombé par la combinaison de trois fortes crises », explique Marc Lazar, professeur des universités à Sciences Po, professeur à la SOG-Luiss (Rome), et chercheur associé au CERI, cité par le journal Le Monde.
Le chercheur évoque une « crise sociale provoquée par la rude thérapie du gouvernement Monti qui a certes assaini les finances publiques et redonné une crédibilité internationale à l'Italie mais a provoqué une récession, laquelle a entraîné une hausse du chômage, un creusement des inégalités de toutes sortes – sociales, de genre, générationnelles, territoriales et entre Italiens et immigrés –, et un accroissement notable de la pauvreté ».
Crise de confiance
Cette situation s’accompagne « d’une crise politique de longue durée, près de vingt ans désormais, mais qui n'a fait que s'accentuer avec la multiplication des affaires de corruption et un rejet croissant de la classe dirigeante ».
Marc Lazar évoque également une « crise de confiance » envers l’Europe qui se manifeste dans le clivage politique entre les différents acteurs. Selon lui, le cas Italien ne constitue pas une particularité de ce point de vue. « Dans presque tous les pays européens, les citoyens se saisissent des élections pour présenter la facture à leurs gouvernements qui leur imposent une politique d'austérité et de rigueur », explique-t-il.
« Partout, s'exprime un sentiment "anti-politique" qui, d'un côté, se traduit par une défiance à l'égard des institutions et un rejet des élites qu'aiguisent les formations dites populistes, mais qui, de l'autre, traduit une exigence de construire une autre démocratie, plus honnête et transparente », met en garde le chercheur.