Philippe Saurel peut avoir le sourire, pour Michaël Delafosse, Jean-Pierre Moure, c'est "l'humiliation permanente" !

Montpellier : crise de leadership au PS entre Delafosse et Moure

Une semaine après l'explosion en direct du groupe PS-EELV au conseil municipal de Montpellier, Médiaterranée revient sur ces événements dignes des scénarios à la Dallas auxquels la capitale régionale a jusqu'ici été habituée. Zoom avec un rappel des faits et une interview de Michaël Delafosse.

Hussein Bourgi, le premier secrétaire de la fédération PS de l'Hérault, avait prévenu d'emblée, suite au grand imbroglio de la présentation de liste socialiste pour la désignation des grands électeurs aux sénatoriales  : "Jean-Pierre Moure, pour moi, c'est fini, il est rayé des cartes !"

Mis le jour même à la porte du bureau et du conseil fédéral des socialistes de l'Hérault par ses propres soins, Jean-Pierre Moure a aussi été démis mardi de ses fonctions au conseil national du PS, à la demande du même Hussein Bourgi.

"Rayé des cartes"

Chose que Jean-Pierre Moure, le candidat socialiste laminé aux élections municipales de Montpellier par Philippe Saurel, a contre-attaquée mercredi avec ce communiqué de presse :

"Hussein Bourgi ne semble ne plus être au fait des règles de notre mouvement et préfère remplir le rôle de « père fouettard » au service d’une ambition personnelle. Le rôle que vient de s’attribuer Hussein Bourgi met en péril une fédération convalescente et fait réapparaître le spectre d’une mise sous tutelle face à de tels dysfonctionnements.

Lors du dernier Conseil Municipal de Montpellier, un conseiller municipal PS (Michaël Delafosse, Ndlr) a enclenché une manœuvre politicienne qui a abouti à faire perdre un nombre important de grands électeurs au Parti Socialiste mais aussi à l’ensemble de la gauche montpelliéraine. Comme Président du groupe PS-EELV-Progressistes et apparentés, j’ai constitué une liste paritaire représentant l’ensemble des forces de gauche, écologistes et de progrès de Montpellier. Pour les représentants du PS, aucun de ses membres n’a fait l’objet d’une sanction ou d’une décision d’exclusion. Pour les autres composantes, les membres non socialistes de notre groupe m’ont communiqué leurs candidats. Afin de débattre de cette situation, je propose à notre groupe de se réunir d’ici la fin de la semaine et afin de laisser un temps avant de prendre la moindre décision.

Ce conseiller municipal PS aidé par le 1er secrétaire du PS de l’Hérault porte aujourd’hui la responsabilité de voir amoindrie les forces de gauche et de progrès dans une élection sénatoriale ou chaque sénateur de gauche comptera afin d’éviter un basculement à droite de la haute assemblée. Le mensonge ne peut être un mode de gouvernance, je saisis donc la commission des conflits afin qu’elle statue dans les plus brefs délais sur de tels comportements Fort de mes mandats électifs internes et externes, je n’ai qu’un seul objectif favoriser l’intérêt général et me mettre au service des montpelliérains frappés de plein fouet par la crise et qui sont à 1000 lieux des préoccupations politiciennes du 1er secrétaire fédéral de l’Hérault et de son ami conseiller municipal."

"Aucune réaction"

Contacté par Médiaterranée au sujet de ce communiqué, Hussein Bourgi a répondu ceci, lapidaire : « Aucune réaction à ce sujet. On est passé à autre chose et on travaille sur les dossiers intéressant les Montpelliérains et les Français ».

Dans les rangs socialistes, c'est le dernier épisode d'un scénario à la Dallas qui avait agité la chronique jusqu'au cœur de l'été 2013, Jean-Pierre Moure ayant lancé sa candidature PS en mode rouleau-compresseur face à Hélène Mandroux, la maire socialiste sortante qui souhaitait briguer un nouveau mandat à Montpellier avec Jean-Pierre Moure et Philippe Saurel. Laquelle avait ensuite rendu la monnaie de la pièce, après le succès de l'opération "désoudage" négociée par Jean-Pierre Moure jusqu'à Solférino, en soutenant allègrement et victorieusement le dissident Philippe Saurel, à trois jours du second tour des élections municipales...

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Samedi dernier, Michaël Delafosse avait expliqué à Médiaterranée sa version des péripéties rencontrées avec Jean-Pierre Moure, qui se retrouve aujourd'hui à la tête d'un groupe restreint au conseil municipal de Montpellier à la limite légale de 3 élus, avec seulement à ses côtés, le député socialiste Patrick Vignal et Mustapha Majdoul (EELV).

Outre Michaël Delafosse, les 5 autres élus du groupe PS-EELV ont également décidé de ne plus travailler avec Jean-Pierre Moure. Il s'agit des socialistes Julie Frêche, Véronique Perez et Françoise Bonnet, ainsi que du communiste Hervé Martin et de la chef d'entreprise Clare Hart (Société civile). Voici notre entretien avec Michaël Delafosse...

Michaël Delafosse :
"Un problème de démocratie et de morale" 

Que s'est-il passé avant l'ouverture du conseil municipal du 20 juin marqué par l'explosion du groupe PS-EELV, que vous avez annoncée publiquement en fin de séance ?

« Le président de notre groupe, en l’occurrence Jean-Pierre Moure, était censé composer une liste de grands électeurs qui, à n'en pas douter, voteraient pour la liste socialiste représentée par Henri Cabanel, un viticulteur très engagé qui a appliqué le non-cumul des mandats et Dolorès Roqué, l'une des figures de la lutte contre Robert Ménard, le maire d'extrême droite à Béziers. Sauf que quand on interrogeait Jean-Pierre Moure sur ce sujet, il se montrait très évasif... Et quand Hussein Bourgi cherchait à le contacter pour travailler ce dossier, ce qu'il a fait à plusieurs reprises, il était aux abonnés absents. Au final, aucune réunion du groupe ne s'est tenue pour valider cette liste... Et à 15h30, une demie-heure avant le conseil, je découvre que Jean-Pierre Moure veut déposer une liste composée de personnes très proches de Robert Navarro ! Robert Navarro, c'est un candidat aux sénatoriales contre lequel le PS a porté plainte pour abus de confiance, avec notamment une somme de 80 000 euros de billets d'avion qui ont fait l'objet d'une double facturation... Il s'agit de manquements très sévères à l'éthique et à la morale et donc, nous n'avons pas souhaité la réélection de ce monsieur et encore moins que des grands électeurs issus des socialistes les soutiennent. Parce qu'on ne transige pas avec la morale publique ! Quand nous avons découvert cette liste créant les conditions d'un soutien à Robert Navarro, nous avons créé en urgence une liste alternative.

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Votre liste s'est avérée irrecevable...

Des noms étant à la fois présents sur la liste de Moure et sur celle que nous avons présentée en urgence, je me suis retrouvé avec une liste sans parité. Dans la foulée, Philippe Saurel a refusé une éventuelle modification et fait annuler, dont acte ! Conclusion politique de tout ça, j'ai pris la parole et avec l'ensemble des collègues présents en séance (Clare Hart, François Bonnet, Véronique Perez et Hervé Martin), nous avons indiqué publiquement notre décision de quitter le groupe, en expliquant aussi pourquoi nous avons déposé cette liste : parce que Jean-Pierre Moure a une gouvernance personnelle et que nous avons des divergences sur le choix des grands électeurs ! Cela nous a posé un double problème inadmissible de démocratie et de morale. Ce type de comportements, c'est ça qui discrédite l'engagement de milliers de citoyens qui sont élus ou militants associatifs et alimente le sentiment du "tous pourris" ! Il faut être intransigeant avec ce genre de choses ! Je suis désolé, quand les électeurs apportent une sanction, on médite la sanction et on essaye de comprendre, en ayant des comportements collectifs et en étant insoupçonnable au niveau de l'éthique !

Philippe Saurel a déclaré à Voussaveztout.com que, finalement, vous aviez essayé de le piéger en déposant une liste que vous saviez non-recevable, est-ce le cas ? 

Le maire fait une erreur d'appréciation, j'ai échangé avec lui sur ce sujet ce matin (le 21 juin, Ndlr), quand nous nous sommes croisés sur le marché.

Est-il envisageable de voir votre groupe d'élus désormais autonome rejoindre la majorité ?

Ce n'est pas à l'ordre du jour. Pour ma part, s'il y a des discussions avec la majorité, on parlera de projets, pas de places. On parlera de l'avenir de Montpellier, des Montpelliérains, notamment sur la ligne 5 de tramway qui est une question essentielle, comme la régie publique de l'eau ou la métropole, qui sont des dossiers sur lesquels il faut se mettre d'accord. Je ne pense pas que l'on en soit à ce stade et est-ce que ça arrivera, il n'y aura que Philippe Saurel, le maire de Montpellier, qui pourra vous le dire. Ce n'est pas le sujet aujourd'hui. Le sujet, c'est l'attitude de Moure qui nous a fait toucher le fond ! J'ai été candidat à la primaire, j'ai perdu la primaire dans des conditions extrêmement difficiles... J'aurais pu partir, je suis resté, j'ai fait le choix du parti, parce que je pense qu'il faut la jouer collectif, mais là, comment il s'est comporté... C'est l'humiliation permanente ! Et en faisant ce qu'il a fait pour la liste socialiste des grands électeurs, il a humilié les adhérents du PS ».

La vidéo intégrale du conseil municipal du 20 juin, à Montpellier :


20 juin 2014 - Conseil Municipal de Montpellier par villedemontpellier