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Sous la pression des peuples, l’Europe rompt le silence face à Israël

La violence inédite de l’attaque israélienne contre la flottille humanitaire Global Sumud Flotilla, en route pour tenter de briser symboliquement le blocus de Gaza, marque un tournant diplomatique majeur.

En visant 51 navires civils où se trouvaient des ressortissants européens, parmi lesquels l’eurodéputée française Rima Hassan et l’activiste suédoise Greta Thunberg, Israël a déclenché une onde de choc politique. En Italie, en Grèce, en Espagne, les opinions publiques, indignées, forcent désormais leurs gouvernements à clarifier des positions longtemps tenues dans l’ambiguïté.

En quelques heures, la situation est devenue explosive : navires italiens et espagnols ont été déployés en urgence en Méditerranée après les tirs de grenades assourdissantes et de drones contre la flottille. Si l’attaque n’a fait que des dégâts matériels, le risque de pertes humaines a révélé la vulnérabilité des gouvernements européens face à des sociétés civiles mobilisées par centaines de milliers de manifestants. L’Italie, jusque-là alignée sur Israël, a dû évoluer. Giorgia Meloni, tout en qualifiant la flottille « d’irresponsable », a fini par reconnaître « un massacre parmi les civils » et annoncé un vote favorable à certaines sanctions européennes. Rome n’avait plus le choix : son opinion publique, ulcérée, exigeait une rupture nette avec l’impunité israélienne.

Israël isolé sur la scène internationale

Cette attaque survient dans un contexte d’isolement croissant d’Israël. Déjà fragilisé par les dénonciations répétées d’ONG, d’artistes et de personnalités politiques qui parlent désormais ouvertement de « génocide » à Gaza, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou perd ses derniers appuis. Même Donald Trump, allié historique, s’oppose désormais à l’annexion de la Cisjordanie et tente d’imposer un plan de paix avec les pays arabes. Dans le sillage de la France, plusieurs pays européens ont reconnu l’État palestinien. L’image d’Israël, autrefois perçue comme une démocratie assiégée, est aujourd’hui réduite à celle d’une puissance occupant une enclave affamée et bombardée.

Le contraste est saisissant : si le Hamas sort affaibli, Israël a perdu la guerre de l’opinion. Les massacres de grande ampleur et les souffrances infligées aux enfants palestiniens ont franchi un seuil à peine imaginable. Désormais, ce sont les opinions publiques européennes qui dictent la marche des chancelleries.

Pressions intérieures en Europe

Partout, les fractures se creusent entre gouvernements et sociétés civiles. En Italie, syndicats et partis d’opposition parlent ouvertement de « complicité de génocide ». En Grèce, la non-intervention des gardes-côtes, alors que l’attaque a eu lieu dans leur zone de recherche et de sauvetage, est qualifiée de « grand manquement » par les représentants de la flottille. Le Premier ministre Mitsotakis, empêtré dans une coopération militaire renforcée avec Israël, se heurte à une opinion publique majoritairement indignée. En Espagne, déjà en pointe dans la condamnation des crimes de guerre, le déploiement d’un bâtiment naval illustre la fermeté croissante de Madrid. Quant à la France, elle condamne « toute attaque en mer », tout en soulignant que les participants avaient été « informés des risques ». Un langage jugé timoré par une partie de son opinion, qui réclame des sanctions fermes. Le Quai d’Orsay a raccroché au nez du journaliste du quotidien l’Humanité qui prenait contact pour alerter sur les attaques et demander la protection de son pays.

Une image ternie pour longtemps

Sous cette pression, un véritable basculement diplomatique se dessine. L’Europe, longtemps paralysée par ses divisions, ne peut plus ignorer les images de famine, de bombardements et de cadavres d’enfants. Le génocide dénoncé par l’ONU et les ONG devient une évidence pour l’opinion, et l’inflexion de Rome pourrait bien entraîner un mouvement d’ensemble. Pour Israël, le constat est brutal : en multipliant les massacres, le gouvernement Nétanyahou a franchi le seuil de l’indignité et de l’infamie. Le pays suscite rejet et dégoût, jusqu’à salir la mémoire de la Shoah. « Israël a perdu la guerre morale », résume un diplomate européen.

Les opposants à Nétanyahou devront œuvrer des années pour restaurer une image durablement compromise. Car le mal est fait : Israël apparaît désormais comme un État voyou, en rupture avec le droit international. Les sanctions qui se profilent à Bruxelles, la reconnaissance grandissante de l’État palestinien et la défiance des opinions occidentales marquent une rupture historique. Pour la première fois depuis des décennies, l’Europe semble contrainte d’agir non par calcul diplomatique, mais par la force de ses peuples.

 

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