Villanova, un nom qui donne vie à l'Occitanie
Par MAMIER PierrePublié le
Il est des jours où il est bon de se sentir vivre à Frontignan, avec ce qui peut s’y passer, en dehors de regrettables faits divers et autres invitations à la sinistrose. Nous voulons parler de ce Musc’art mensuel qui se déroule au restaurant Côté Mer, où l’esprit se retrouve plongé dans un autre monde, celui de l’intelligence, de la culture et de l’humain. Ce fut encore le cas ce 24 janvier, pour ce 75è Musc'art, où Angela Mamier a reçu pour la quatrième fois, « les Villanova », Daniel, la vedette de la scène, et Jean-Marc, son frère qui gagne à être mieux connu, comme on va le voir.
Ce sont d’abord des retrouvailles toutes amicales avec ce monument de gentillesse et de simplicité que forment Daniel et Jean-Marc Villanova et Carmen, l'épouse de daniel. L’on voit, l’on sait de suite qu’ils vont de nouveau marquer la soirée de leurs propos, de leur pensée et de leur aptitude à se prêter aux questions, devant un public d’une bonne vingtaine de personnes, dont certaines nouvellement adhérentes à l’association.
Les petits secrets de Daniel Villanova, humoriste humaniste
Quand Angela Mamier aborde d’abord la notion d’humanisme chez lui, Daniel Villanova évoque « cet esprit libertaire, qui vient de loin, de racines familiales ouvrières simples, qui avaient une conscience politique de gauche, avec le souci de l’égalité, de la justice, du bien-être social et du progrès.. », d’où cet humanisme qui imprègne sans doute ses textes, lesquels tournent en dérision le discours dominant d’aujourd’hui, par le biais de personnages, dont le prénom est important et qui possèdent chacun des critères particuliers, le personnage de Lucette étant curieusement lié au Monsieur de Pourceaugnac de Molière et à Pezenas.
Quant à faire rire, est-ce plus difficile pour l’artiste que de faire pleurer ? Là, Daniel Villanova exprime très justement cette idée que le comique est souvent provoqué par une situation dramatique, comme dans le burlesque, par exemple, où l’on rit des malheurs du personnage. Des personnages qui « viennent » chez Daniel, « qui les laisse alors faire »…
Et la femme là-dedans ? Et Daniel, « dont l’imaginaire est accaparé par ses personnages », d’avouer « qu’il est Lucette », en mettant en avant le côté féminin de l’homme.
Des moments heureux ou tristes, vécus par l’artiste ? L’amour a bien sûr généré de grands bons moments pour lui, avant qu’ il n’exprime tristesse et colère dans ses spectacles, bien avant les événements d’aujourd’hui, puisque « le théâtre est là pour ouvrir les yeux du spectateur, pas pour plaire à tout le monde.. ». D’où le désir de l’artiste « d’exprimer son point de vue d’une manière la plus plaisante possible, en restant honnête avec soi-même ».
Cette passion du théâtre est venue très jeune et un peu par hasard accaparer Daniel Villanova et s’ajouter à son amour pour le livre et le rire. Et puis « comme on n’échappe pas à ce qu’on doit être, la volonté et la chance ont fait le reste », en plus du travail, peut-on ajouter. Il se félicite alors d’avoir poursuivi tout seul son chemin, dans un univers loin des mondanités.
Le comique de Villanova est sans doute là, dans un essai de définition qu’il donne- bien sûr illustré au passage, par quelques paroles de ses personnages : provoquer le rire en essayant de provoquer le doutevis-à-vis des idées reçues, sans jamais être agressif, même si certains retours de bâton l’ont fait passer pour un humoriste de droite. ; « les Chevaliers du Fiel, non, c’est pas mon truc », précise-t-il au passage. Inclassable dans le théâtre, « le personnage de Lucette, qui a des racines, s’élève pour regarder la société et porter un regard pertinent sur les choses ». On pense un peu à Laurence Semonnin, qui faisait un peu la même chose par le passé, avec son personnage de la Madeleine Proust, qui à partir de sa petite bulle du hameau des Gras, portait un certain nombre de considérations sur le monde extérieur.
Daniel Villanova poursuit sa bienfaisante errance sur les scènes de notre région mais aussi, à la radio, chaque matin, sur France Bleu Hérault, avec ses chroniques enrichissantes taillées au diamant de l’intelligence et de la culture.
Jean-Marc Villanova, le frère lettré, historien et linguiste
Angela Mamier allait passer la parole à Jean-Marc Villanova, le frère de Daniel, qui s'est révélé un remarquable spécialiste de l’histoire de l’Occitanie et de sa langue.
Et de conter alors la fabuleuse histoire de cette région qui s’étend sur34 départements, entre Nice et Bordeaux,, qui a vu l’invasion des conquérants latins avec leur langue, pour créer une société moins rigide, laquelle a permis la liberté de parole et d’esprit et la floraison des troubadours qui ont porté au plus haut l’occitan pendant une épopée de 250 ans au début du deuxième millénaire. Mais Capétiens, rois et même Rome sont venus y mettre le holà, avec l’invasion de l’Occitanie les Croisades et l’Inquisition.
Après les guerres de religion, l’Occitanie a connu une première renaissancedans les années 1500. La contestation est revenue- en particulier avec Lou Petassou !- mais la révolution continue l’œuvre de la monarchie et fait la chasse au patois, pour l’omnipotence du français.
Arrivera une seconde renaissance, avec les romantiques allemands et les prêtres ouvriers, les commerçants et les artisans, qui décrivent leur cadre de vie et feront coexister les langues entre elles sans exclusive. L’Occitanie et sa langue connaîtront un creux de la vague avec la révolution industrielle, l’exode rural et la guerre de 14 mais la troisième renaissance occitane arrive après 1945 et l’occitan, dans ses mots, ne se privent pas de modernité, pour épouser son temps. Pour le vocabulaire du corps, par exemple, l'occitan ira là où le français a du mal à aller. Et cette richesse de l’occitan a été révélée à Jean-Marc, grâce à son travail de traducteur de l’œuvre de Daniel, lequel fait aussi vivre sa chère langue non seulement dans ses spectacles mais aussi dans ses chroniques matinales sur France Bleu, à 7h28, 8h28, 16h45, du lundi au vendredi età 8h25 le week-end..
Quand on vous dit que les Villanova, avec leur œuvre inépuisable, leurs talents et leur personnalité, font partie des phares culturels de notre région.
Jean-Marc reviendra d’ailleurs lors d’un prochain Musc’art pour encore approfondir la belle histoire de l’Occitanie qu’il sert si bien.
Les dédicaces des deux derniers livres de Daniel villanova: "ça c'est Villanova", les 100 dernières chroniques à la radio. Editions "Un jour:une nuit", représentées par Jacky Giornal ce soir-là et "L'été/ l'estiu", français/occitan, traduit par Jean-Marc Villanova
Une petite attraction-surprise du jour, avant le repas, avec Jean-Pierre Flores qui conte une anecdote relative à un courrier échangé;...avec le prince Albert de Monaco, rien de moins!!!