Syrie : Bachar Al-Assad appelle au "dialogue"... dans une mare de sang

La carotte et le bâton. Voila à quoi semble se résumer la politique de président syrien Bachar Al-assad un peu plus de treize milles morts après et quelque dix milles arrestations.

Si l’on en croit l’agence de presse du régime, le chef de l’Etat est animé des plus nobles intentions. Voila qu’il appelle à un « dialogue national » et affirme sa volonté d’aboutir à une réforme constitutionnelle remettant même en cause la position privilégiée du tout puissant parti Bass «majoritaire», au pouvoir depuis une quarantaine d’années. Et tant qu’à faire, autant passer en revue des projets sur le multipartisme, la presse, les élections législatives et l’administration locales !

Bachar Al-assad promet ainsi un toilettage complet des institutions de son pays pour les rhabiller aux couleurs de la démocratie. Voila pour la carotte.

La promesse commencerait, dit-on, à séduire des « personnalités indépendantes ». Plus d’une centaine d’entre elles se sont réunies en « conférence » lundi dans un hôtel de Damas préconisant de poursuivre dans la voie d’une contestation pacifique du régime. Elles auraient eu, dit-on, la bénédiction de proches de Bachar Al-Assad et certains partisans de ce dernier se seraient même joints à cette grand messe.

De l’autre côté de la frontière, A Istanbul, les opposants en exil, en grande majorité de jeunes militants, rejettent ce qui semble être à leurs yeux une manipulation. Ils dénoncent une opération «poudre aux yeux pour le régime», alors que la répression bat son plein et se durcit, provoquant la fuite de plusieurs milliers de citoyens vers la Turquie voisine.

Tout indique en effet que cette jeunesse là n’est pas loin de la vérité, exprimant sans doute tout haut ce que pense la grande majorité du peuple syrien traquée par les chars aux cœur des villes et villages.

Pendant que ses soldats font un carton chaque « vendredi de la colère » en tirant à vue sur le moindre rassemblement à la sortie des mosquées, le régime de Bachar Al-Assad travaille apparemment à l’organisation à ce qui peut ressembler à un "dialogue" avec la fraction dorée de la société civile... dans une marre de sang.