L’Egypte veut instaurer le crime de l’athéisme : la loi de la jungle
Par N.TPublié le
Un vent de folie souffle dans les allées du pouvoir égyptien… Le parlement envisage d’adopter une loi criminalisant l’athéisme. Les défenseurs de ce texte avancent l’argument de la protection de la jeunesse contre un «fléau». La très vénérable al-Azhar, haute autorité religieuse, a donné sa bénédiction à cette initiative. La jurisprudence est toute trouvée : une décision du tribunal des affaires familiales du Caire, datant du 24 décembre 2017, privant une mère accusée d’athéisme de la garde de ses enfants.
En Egypte, le blasphème et la diffamation peuvent déjà conduire en prison jusqu’à 5 ans. Désormais, le seul fait de ne pas manifester ou prouver sa croyance pourrait être lourdement sanctionné. Peu importe que la Constitution reconnaisse la « liberté de croyance », l’Islam est « religion d’Etat », une règle au-dessus de tout autre considération.
On imagine d’ores et déjà l’enthousiasme des délateurs et le climat de terreur que vont vivre les citoyens libres penseurs. Si une telle loi venait à être adoptée, les tribunaux auront sûrement beaucoup à faire. L’accusation d’athéisme va devenir une arme redoutable dans tous les règlements de compte. La loi de la jungle, plutôt qu’une loi de moralisation de la vie en société.
Une chose est sûre dans tous les cas : le maréchal al-Sissi donne ainsi des gages aux islamistes. Il combat pourtant sans relâche les terroristes qui s’en réclament, la répression bât son plein pour leur élimination physique. Rien d'étonnant à cela: ils constituent une menace pour les intérêts de l'armée dont il est issue. Pas question en revanche de faire reculer leurs idées. Elles sont nourries et protégées. Et pour cause, elles aident à entretenir la peur et à domestiquer la société.
A l'image de tous les dirigeants des pays arabes, dont l'Algérie où ces idées-là minent la société et accélèrent la régression du pays, al-Sissi joue sur les deux tableaux pour rester en place le plus longtemps possible.