la guerre en coulisse de succession va désormais être livrée au grand jour

Algérie : Le pouvoir à un tournant

Inévitablement, la rumeur qui court depuis des lustres sur la santé du président a fini par céder la place à une information officielle. L’origine du malaise dont a été victime le chef de l’Etat, un accident vasculaire, ne pouvait être dissimulée. Les « communicants » d’El Mouradia ont été brusquement contraints de laisser tout dire, jusqu'au lieu d’hospitalisation, l’hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, non sans insister sur l’absence de « séquelles », affirmer que son état « n’occasionne aucune inquiétude », qu’il nécessite tout au plus « une période de repos » en vue « de la poursuite des examens ». Tant mieux pour le patient. Mais là est la limite d’une communication contrainte, ficelée à la hâte… le reste est bien entendu affaire de politique.

Ce qu’il faut bien appeler, sauf miracle, un sérieux empêchement d’Abdelaziz Bouteflika survient en effet à un moment décisif. Son clan multiplie les manœuvres pour lui ouvrir la voie à un quatrième mandat. Ses hommes ont investi le chantier de la révision constitutionnelle promise sur mesure, conforme à sa volonté, ils resserrent les rangs, se comptent, et s’organisent aussi pour effacer des traces compromettantes, ne rien laisser au hasard au cas où l’opinion ne se laisserait pas bernée, piégée par une propagande grossière invitant un président en très mauvaise santé à rempiler après 19 ans de règne.

Disons-le tout net : « l’accident ischémique transitoire » de Bouteflika a sans doute semé la panique parmi ses proches. Pour certains d’entre eux l’heure a sûrement sonné du « sauve-qui-peut ». Nul n’est dupe, la guerre en coulisse de succession va désormais être livrée au grand jour. Et le moment est probablement aussi venu pour l’opposition démocratique d’adopter un discours rassembleur, cohérent et audible… Le pouvoir aux abois et à un tournant.