Communiqué Mucem : Carte Blanche à Wole Soyinka
Par N.TPublié le
Le Mucem invite l’écrivain et metteur en scène nigérian Wole Soyinka pour deux journées de rencontres, lectures et concerts dédiés à son œuvre éclectique et engagée.
Lauréat du prix Nobel de littérature en 1986, il est le premier auteur africain à en avoir été honoré. Artiste prolifique, il a écrit de nombreuses pièces de théâtre, des récits autobiographiques, des recueils de poèmes, des nouvelles, des romans, ainsi que des essais politiques et littéraires.
Lors d’un grand entretien, le public pourra découvrir son parcours et entendre la force de sa poésie à travers un texte inédit en français, puis l’écouter dialoguer avec Christiane Taubira pour un hommage à Édouard Glissant et à la Déclaration sur la traite négrière et l’esclavage.
Raphaël Imbert et des élèves de la classe de jazz du conservatoire Pierre Barbizet de Marseille accompagneront ces rencontres aux sons d’une création collective, mouvante et itinérante, de Mingus, à Ellington et Manu Dibango.
Une programmation conçue en collaboration avec Annie Terrier (Les Écritures croisées). Wole Soyinka est né en 1934 à Abeokuta, en pays yoruba (Nigeria).
Écrivain et dramaturge, il est professeur de littérature et a enseigné dans de prestigieuses universités au Nigéria, au Ghana, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, tout en écrivant tragédies et comédies, poèmes, romans et textes autobiographiques.
De retour au Nigéria en 1960, il est emprisonné « pour conspiration » avec la rébellion biafraise. Réfugié hors de son pays pendant de nombreuses années, il est un ardent défenseur de la liberté, qui ne cesse de s’exprimer contre la corruption, la violence et les dérives religieuses dans son pays et dans le monde.
En 2017, il quitte les États-Unis où il vivait et enseignait depuis vingt ans pour retourner en Afrique, afin de protester contre l’élection de Donald Trump.
Il compte parmi ses chefs-d’œuvre la tragédie anticolonialiste La Mort et l’Ecuyer du roi (1975) ou Aké, les années d’enfance (1981) ouvrage au programme du concours des classes préparatoires scientifiques cette année 2021-2022 aux côtés d’Émile de Jean-Jacques Rousseau et des Contes d’Andersen.
Il est le premier auteur africain et la première personnalité noire à recevoir le prix Nobel de littérature, en 1986. Son dernier roman vient de paraitre en anglais : Chronicles from the Land of the Happiest People on Earth(septembre 2021, Panthéon).
Programme:
Vendredi 1er octobre 18h30 — Auditorium, entrée libre Grand entretien Rencontre, lecture, musique Lecture par Wole Soyinka de son poème inédit en français « Ode humaniste pour Chibok, pour Leah », traduit par Christiane Fioupou. Un entretien animé par Valérie Marin La Meslée (journaliste, Le Point)
Interprète : Valentine Leys Wole Soyinka se livrera à un grand entretien mené par Valérie Marin La Meslée au cours duquel seront abordés son regard sur le monde contemporain et le rôle de l’écrivain engagé. Ne serions-nous pas réellement endormis ? Mis En congés de ce monde enragé ? Pourquoi donc ces lamentations ? Chibok ? Dapchi ? […] Leah, cette épreuve de ta jeunesse est cruelle, Injuste. Tu vas fléchir mais, la honte est la mienne, La nôtre, celle d’une nation et d’un monde assujettis à Des religions mensongères. Nous devons te sembler morts. Wole Soyinka, « Ode humaniste pour Chibok, pour Leah », 2019.
Traduction française Christiane Fioupou. Dans le long poème « Ode humaniste pour Chibok, pour Leah » publié en 2019 et traduit en français pour cette invitation au Mucem, Wole Soyinka continue de dénoncer les forces destructrices, politiques et religieuses, qui déséquilibrent l’Afrique et le monde. Il y fustige la violence et les fondamentalismes religieux de tous bords qui ne cessent de s’amplifier au Nigéria et à l’échelle du monde.
De Chibok où 276 lycéennes ont été enlevées au nord-est du Nigéria en avril 2014 par le groupe islamiste Boko Haram, à Dapchi, à 200 kilomètres de là, où 110 élèves d’une école ont été kidnappées en février 2018, le poète s’adresse à Leah Sharibu, jeune fille de 15 ans, aujourd’hui encore prisonnière de Boko Haram pour avoir refusé d’abjurer sa foi.
En ouverture et en clôture, Raphaël Imbert accompagnera des élèves de la classe de jazz du Conservatoire Pierre Barbizet de Marseille pour une création collective, mouvante et itinérante : Le Tigré Créole ! Ou le jazz comme chant de traverse entre la pensée de Soyinka et celle de Glissant, entre musique et littérature, entre écriture et oralité, résonnant des mélodies de Mingus, Archie Shepp, Coltrane, Ellington, Manu Dibango, et des improvisations spontanées de la nouvelle génération du jazz phocéen.
Valérie Marin La Meslée est journaliste littéraire au service culture du Point et collaboratrice du site LePoint Afrique, notamment pour ses Causeries (podcast). Les mondes culturels afro-caribéens sont ses terrains de prédilection (reportages culturels, hors-série du Point sur « La pensée noire » et « l’Ame de l’Afrique »), documentaires radio (France Culture).
Ses derniers livres racontent les capitales d’Haïti et du Mali au prisme de la création contemporaine : «Chérir Port-au-Prince » (Philippe Rey, Mémoire d’encrier, 2016) et «Novembre à Bamako » (avec les photos de Christine Fleurent, Le Bec en l’air, Cauris, 2010). Elle est aussi l’auteure de « Confidences de gargouille » avec Béatrix Beck (Grasset 1998), et de « Stupeur dans la civilisation » avec Jean-Pierre Winter (Pauvert, 2002).
Samedi 2 octobre 16h — Auditorium, entrée libre sur réservation Et retransmission en direct sur grand écran dans le forum. Conversation entre Wole Soyinka et Christiane Taubira Rencontre, musique Interprète : Valentine Leys Un entretien animé par Bintou Simporé (journaliste, Radio Nova) En partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l'esclavage NOUS RAPPELONS Que dans l'interminable suite des invasions, des massacres, des génocides qui ont marqué l'histoire de l'Humanité, l'un des épisodes les plus considérables par l'ampleur et la quantité de malheurs qu'il a enfanté fût celui de la Traite négrière et du système servile dans les Amériques et dans l'océan indien, qui portèrent sur des dizaines de millions de personnes.
Ainsi commence la déclaration sur la traite négrière et l’esclavage signée en mars 1998 par Edouard Glissant, Wole Soyinka et Patrick Chamoiseau. En février 1999, Christiane Taubira monte à la tribune de l’Assemblée nationale française pour défendre sa proposition de loi affirmant que l’esclavage et la traite sont un crime contre l’humanité. La loi est promulguée le 21 mai 2001. Vingt ans plus tard, Wole Soyinka et Christiane Taubira rendent hommage à cette étape historique et interrogent ses mémoires, ses transmissions et ses héritages.
En clôture de cette rencontre exceptionnelle, Raphaël Imbert accompagnera des élèves de la classe de jazz du Conservatoire Pierre Barbizet de Marseille pour une création collective, mouvante et itinérante : Le Tigré Créole ! Ou le jazz comme chant de traverse entre la pensée de Soyinka et celle de Glissant, entre musique et littérature, entre écriture et oralité, résonnant des mélodies de Mingus, Archie Shepp, Coltrane, Ellington, Manu Dibango, et des improvisations spontanées de la nouvelle génération du jazz phocéen.
À partir de 18h : rencontre suivie d’une séance de signatures avec Wole Soyinka et Christiane Taubira à la librairie du Mucem installée dans le forum pour l’occasion.
Christiane Taubira est née en Guyane. Elle débute une carrière dans l’enseignement, puis dans le développement économique. Elle est élue députée de Guyane et sera réélue jusqu’en 2012. En 2002 elle est la première femme issue des outre-mer à se présenter à l’élection présidentielle.Elle est à l’origine de la « loi Taubira » déposée en 1998 et votée au Sénat le 10 mai 2001, qui a fait de la France le premier pays à reconnaître l’esclavage et la traite comme des crimes contre l’humanité.
De 2012 à 2016, elle est Garde des Sceaux, ministre de la justice, et à ce titre elle portera la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, qui sera promulguée le 17 mai 2013. Christiane Taubira a écrit de nombreux livres portant sur ses engagements politiques et mémoriels.
En 2020, elle publie son premier roman, Gran Balan, dont elle a fait une fresque polyphonique sur la Guyane contemporaine, et signe une chanson de dernier album du rappeur et écrivain Gaël Faye. Elle vient de publier Ces morceaux de vie… comme carreaux cassés.
Bintou Simporé est rédactrice en chef à Radio Nova. Membre du WMCE (World Music Charts Europe), elle produit le magazine Néo Géo, immersion hebdomadaire dans les musiques et cultures du monde et a animé durant plusieurs années sur Radio France Outremer l’émission culturelle Cargo.
Elle a réalisé différents reportages audiovisuels sur les grands courants musicaux de la « sono mondiale », organisé plusieurs émissions radiophoniques spéciales Hors les murs (Berlin, Johannesburg, Dakar, Montréal, Guadeloupe, La Réunion), produit deux compilations consacrées aux musiques d’Afrique, Rare Grooves Africa et Geoworld Afrique du Sud.
La Fondation pour la mémoire de l’esclavage est une fondation reconnue d’utilité publique, privée et autonome, créée en novembre 2019 qui agit pour l’intérêt général et la cohésion nationale. Son action est soutenue par l’Etat et des partenaires privés qui partagent son projet.
Elle agit en collaboration avec la société civile, les territoires, le monde de la recherche, de la culture, des médias et de l’éducation pour transmettre l’histoire de l’esclavage mais aussi parler de ses héritages, par la culture, et pour la citoyenneté. La FME est présidée par Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre.
Plus d'informations sur le site de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage : www.memoire-esclavage.org
Prochaine carte blanche : 12 et 13 novembre, Atiq Rahimi, écrivain et cinéaste franco-afghan, prix Goncourt 2008.