"Indignez-vous !", l’appel de Taous Ait en hommage aux victimes de la décennie noire

« Levez-vous ! Sortez de vos tombes, c'est l'hécatombe ! Vous les massacrés de Raïs, en cette 18eme commémoration de votre extermination, votre sacrifice sur l'autel du maléfice, on vous poignarde à nouveau dans le dos et on tranche la gorge de la justice ! ». C’est le début du texte écrit par Taous Ait en hommage aux victimes de la décennie noir. Un texte mis en vidéo par Seddik Ait-Sai, que nous vous diffusons ci-dessous in extenso.

Indignez-vous !

« Levez-vous ! Sortez de vos tombes, c'est l'hécatombe ! Vous les massacrés de Raïs, en cette 18eme commémoration de votre extermination, votre sacrifice sur l'autel du maléfice, on vous poignarde à nouveau dans le dos et on tranche la gorge de la justice ! 

Enfants de Thalit, Bentalha, Béni Messous, Ramka, sans noms et sans visages, on a pardonné à vos bourreaux et tourné la page !

Vous les deux cent milles victimes du terrorisme, vous n'êtes rien vous n'êtes personne, tout juste un chiffre, une statistique falsifiée et non une tragédie, votre pays vous crache dessus et vous trahit !

N'êtes-vous pas assez offensés ?

Levez-vous ! Vos assassins sont reconnus et consultés, invités sur plateaux de télévision avec lâcheté, organisent des universités d'été et urinent sur vos charniers !

N'est-ce pas assez pour vous offusquer ?

Madani Mezrag le criminel, créé un parti officiel, sans honte ni vergogne, il recrute ses charognes pour terminer sa sale besogne !

Il planifie et donne son avis sur l'avenir de ce pays, comme un citoyen en toute légitimité et vous qualifie de bâtards sans identité !

Martyrs de la décennie noire, prenez ce pouvoir !

Que l'odeur de votre putréfaction asphyxie leurs poumons !

Que l'image de vos mutilations hante leur raison !

Que leur eau et leur pain aient le goût de votre sang !

Que vos râles et cris de supplication percent leurs tympans !

Que la peur et la terreur paralysent leurs cœurs, s'ils en ont !

Que tous les hommes décapités, femmes violées et éventrées, bébés écartelés et calcinés, journalistes et intellectuels assassinés, toutes les Amel et Katia égorgées, reviennent !

Vous les morts levez-vous, vos frères vivants sont atteints d'amnésie, drogués au foot et la religion, grisés par le pétrole sans modération, corrompus par les rentes mendiées, ils ne s'indignent que pour des jambes dénudées !

Revenez avec les martyrs de la révolution, dites-leur qu'on brûle leur terre, qu'on vend la nation à bas prix et qu'on appelle ceci réconciliation et salut !

Qu'ils maudissent ce pays sans dignité, qu'il disparaisse à jamais, qu'il devienne un no man's land inhabité.

Un pays qui n'a pas de mémoire, ne mérite pas son livre d'histoire. »