Le général Jovan Divjak

Les Scandinaves préoccupés par la Bosnie : Les accords de Dayton doivent évoluer (Général Divjak)

Belgradois de naissance, le déjà mythique général de l'armée bosnienne Jovan Divjak a récemment été l’invité du parti libéral suédois Folkpartiet, au séminaire intitule "La Bosnie et son avenir".

Le thème central, discuté durant trois jours, est celui des enjeux et possibilités d'intégration du pays à UE, et à l’avenir commun des peuples et minorités. Le séminaire a eu lieu au Parlement suédois, sous l'égide de Fredrik Malm, le député  de Riksdag et Ola Svenningsten  du  Ministère des affaires étrangères.

Parmi les intervenants se sont distingués Jasenko Selimovic, secrétaire d'Etat et candidat au Parlement européen, deux invités venus de Bosnie-Herzégovine: le général Divjak avec Sumeja Tulic du Comité des Droits de l'Homme, accompagnés par Dennis Gratz, membre du parti "Notre côté", fondé par le cinéaste "oscarisé" Danis Tanovic.

 

La Communauté internationale a sa part de responsabilité

La réunion n'était pas du goût des nombreuses organisations et associations serbes venues de toute la Scandinavie. Une grandiose manifestation était annoncée devant le Riksdag, contre le général Divjak considéré comme un criminel de guerre qui a délaissé son peuple. Le politicien suédois d`origine bosniaque, Jasenko Selimovic a ui aussi été attaqué par la diaspora extrémiste serbe, qui le décrit comme "le plus grand et le plus dangereux lobbyiste bosniaque en Suède". La police s`est bien préparé aux événements et ses forces spéciales ont déplacé des manifestants dans une autre rue. Ceux- ci ont réussi à laisser devant le Parlement un écriteau avec l`inscription :"Général, nous attendons ton ordre"! 

Dans son discours d`ouverture, Fredrik Malm a appelé tout le système politique européen à la vigilance. Selon son opinion, les autorités bosno-herzégoviennes doivent œuvrer pour  le redressement du pays et le bien commun des populations, au lieu de s`occuper de leurs intérêts personnels et faire profiter des groupuscules locaux.

Ola Swenningsson a fait la rétrospective du fondement de l’Europe unifiée, tout en critiquant sa politique en Bosnie-Herzégovine. "L'UE sera  un jour obligée, de prendre ses responsabilités envers ce petit pays balkanique" a-t-il ajouté en invitant les politiciens à montrer leurs sens du compromis et à commencer à résoudre des problèmes qui ne devraient pas exister. Pour l`instant, ils en créent de nouveaux, sans s`inquiéter du reste.

Le général Divjak a été longuement applaudi après sa fameuse phrase :"Je vous félicite: 70 ans d`étatisme en Bosnie-Herzégovine, sans oublier de nombreux blocages et dysfonctionnements fréquents du pouvoir. Le Parlement de l`État n’a pas confirmé la Déclaration européenne sur le génocide en Bosnie-Herzégovine. L’institution n’a pas les moyens de voter la loi contre des organisations et manifestations fascistes à cause de la polarisation de l’État. Des criminels sont dans une entité, des héros dans l`autre".

Conscient que son discours intéressait les invités venus du monde entier, Jovan Divjak a continué  avec une incroyable énergie et euphorie, malgré ses 75 ans:

"Actuellement nous sommes témoins de l’existence de la plus grande  fausse commune en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale, celle de Tomasica, près de Prijedor.  21 ans auparavant  nous avions prévenu la planète qu`il s`agissait du crime planifié et organisé. L`ONU n`a pas voulu accepter nos affirmations. Il a fallu trois ans d`une guerre sans merci, pour que la vérité des camps d`extermination et des crimes massifs, quotidiennement commis sur des civiles, soient reconnus. La Communauté internationale a sa part de responsabilité dans la situation actuelle et du désespoir total, qui envahit l’État de plus en plus. Ni l’UE,  ni les États Unis n’ont de visions claires ni propositions valables, pour l’avenir de la Bosnie-Herzégovine. Ils ne veulent pas agir ni arrêter les manipulations russes dans la région, pourtant très visibles.