La présence très remarquée des algériens au Forum social mondial (FSM) à Tunis
Par N.TPublié le
Les Algériens présents à Tunis pour contribuer au Forum social mondial (FSM), qui se déroulait du 24 au 28 mars, ne sont pas passés inaperçus. Les débats sur le gaz de schiste ont donné lieu à des échanges plutôt vifs et la question du Sahara occidental a suscité sans surprise quelques remous entre les délégations algériennes et marocaines.
Dans son édition du dimanche 29 mars, le journal El Watan rapporte les réactions indignées des algériens anti-gaz de schiste, venus porter la voix des populations d’In Salah qui continuent à résister, lors d’un atelier à la faculté des sciences de Tunis.
Un « expert en énergies renouvelables », Mahmah Bouziane, missionné sans doute par des officines proches du pouvoir algérien, s’est risqué à faire la promotion du gaz de schiste.
L’intervenant a dégainé une série d’arguments, chiffres et exemples à l’appui, pour justifier l’empressement des autorités algériennes à exploiter cette "formidable richesse" dont regorge le sous-sol saharien.
Selon lui, le gaz de schiste est la seule alternative «pour assurer une transition énergétique durable et aller vers une énergie à zéro carbone». Gare « aux informations erronées sur le net ! » (…) Pourquoi l’Algérie devrait-elle se priver de ce potentiel évalué à 19 800 milliards de m3, la troisième réserve mondiale ? Rien ne s’y oppose, pas même la très redoutée fracturation hydraulique :
Les réserves d’eau de la nappe albienne en Algérie sont de l’ordre de 60 000 milliards de m3. «Si nous voulons forer 100 000 puits sur 50 ans, à raison de 20 000 m3 par puits, on consommera à peine 0,04% à 0,86% de cette nappe», soutient-il, sûr de ses chiffres. «Je suis moi-même un militant de l’environnement», rassure le spécialiste en soulignant qu’il y a «un manque d’informations fiables sur l’exploitation du gaz de schiste», rapporte El Watan.
"Le Sahara occidental sur la carte du Maroc..."
Et de se faire l’écho des réactions virulentes déclenchées dans la salle. « Entre-temps, les activistes algériens avaient sorti leurs pancartes, gravées de slogans anti-gaz de schiste (…) La salle s’écrie : «Nous sommes tous In Salah !» Les contre-expertises citoyennes se succédèrent durant toute la matinée, chacun s’évertuant à apporter, avec force arguments techniques, la contradiction à l’expert «officiel». Ayad Yougourthen, farouche opposant au gaz de schiste, contre-attaque : «Apparemment, vous prenez cette assemblée pour des ignorants», lance-t-il. «Le gaz de schiste est un désastre environnemental, sanitaire et humanitaire. Et économiquement, il est très coûteux», résume-t-il. «Aux Etats-Unis et au Canada, il est extrait à 80, 86 dollars et n’est rentable qu’à partir de 90 dollars. Quel est le prix du pétrole aujourd’hui ?» Mohamed Benatia, du mouvement anti-gaz de schiste marocain, prend le relais : «C’est un danger pour notre santé ! En Pennsylvanie, 30% des bébés présentent des malformations génétiques. On va tuer vos bébés, on va tuer votre avenir !»
Autre sujet brûlant : le Sahara occidental. Lors de sa conférence de presse, le coordinateur du FSM a parlé d’une « agression de participants marocains par des algériens, jeudi 26 mars ». Il a également relevé que «le nombre d’organisations algériennes inscrites n’était que de 72 associations jusqu’à la mi-février, avant que ce nombre n’atteigne les 800, d’un seul coup», rapporte El Watan. «Cette présence massive ne s’est pas traduite par des activités. Les Algériens ont enregistré le nombre le plus faible de contributions», a-t-il regretté.
Selon une participante tunisienne, Sana Mahdjoub, citée par El Watan, «Les Algériens reprochent aux organisateurs de prendre parti pour la cause des Marocains en affichant une carte géographique incluant le Sahara occidental sur la carte du Maroc». L’atelier autour de la gestion des conflits dans la zone maghrébine aurait ainsi été perturbé par ce qui est perçu comme une position pro-marocaine.
Hors cette question particulière, la présence en nombre et très remarquée des Algériens au FSM traduit en réalité le besoin d’expression dont est privée la société civile en Algérie.