France : actes ignobles de profanation d’un monument commémoratif dédié aux tirailleurs sénégalais
Par La rédactionPublié le
C’est un fait dans l’air du temps, dans un contexte de recrudescence du racisme, notamment sous la pression de discours haineux et xénophobes : le Tata sénégalais de Chasselay (monument commémoratif dédié aux tirailleurs sénégalais), situé dans le Rhône, a été le théâtre de dégradations scandaleuses.
Plusieurs dizaines de plaques de sépultures ont été vandalisées dans cette nécropole militaire unique en France, qui abrite 196 tombes de tirailleurs africains ayant combattu durant la Seconde Guerre mondiale.
Parmi eux, 188 étaient originaires d’Afrique subsaharienne et 8 d’Afrique du Nord. Érigé en 1942, le cimetière honore la mémoire de ces soldats massacrés par les troupes allemandes en juin 1940, et symbolise l'engagement des soldats coloniaux pour la France, un sujet toujours sensible dans les discussions sur la mémoire coloniale et les discriminations.
Le président Emmanuel Macron a exprimé sa profonde indignation face à ces actes qu'il a qualifiés d'« ignobles et inacceptables ». Il a souligné la nécessité de défendre la mémoire des tirailleurs sénégalais qui ont combattu pour la France, rappelant leur sacrifice et leur courage. Macron a insisté sur l'importance de lutter contre le racisme et la xénophobie, tout en réaffirmant l'engagement de l'État à protéger et honorer les lieux de mémoire.
De son côté, la Secrétaire d'État chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, a condamné fermement ces dégradations. Elle a déclaré que cet acte de vandalisme ne fait que renforcer la détermination du gouvernement à préserver l'histoire et à promouvoir la réconciliation mémorielle.
Appel à la mobilisation citoyenne
Elle a également annoncé que des mesures seront mises en place pour restaurer les lieux profanés et assurer une meilleure protection de ces sites à l'avenir. La Secrétaire d'État a appelé à la mobilisation citoyenne pour veiller à ce que de telles actions ne se reproduisent pas et a souligné l'importance de l'éducation au souvenir dans la lutte contre les discriminations et le racisme.
Jean-Louis Page, le maire de Chasselay, et la préfecture du Rhône ont fermement condamné ces actes. Leurs interventions soulignent le caractère sacré de ce lieu de repos et l'importance de préserver sa dignité. Une plainte a été déposée pour que les responsables de ces actes, qualifiés de « graves et odieux », soient poursuivis.
Les dégradations ont réveillé des sensibilités exacerbées en matière de tensions identitaires et de racisme, conduisant des collectifs d’anciens combattants, ainsi que des associations antiracistes comme le Cran, à dénoncer vigoureusement cet acte comme étant raciste.
Bien que l'enquête menée par la gendarmerie n'ait pour l'instant identifié ni suspects ni revendications, elle cherche à déterminer si ces actes sont le fruit d'un racisme avéré ou d'un vandalisme isolé. Toutefois, les médias nationaux tels que Le Monde, Libération et Le Progrès, ont mis en exergue la signification symbolique de cet incident dans un contexte de réexamens des héritages coloniaux en France.