L'exportateur israélien Agrexco en liquidation judiciaire
Par nicolas éthèvePublié le
« Agrexco, c'est fini ! ». C'est par ce cri de joie que la Coalition contre Agrexco (1) s'est réjouie, hier dans un communiqué, de la mise en liquidation judiciaire de l'exportateur israélien de fruits et légumes, ordonnée le matin même par le tribunal de commerce de Tel Aviv.
Une sentence synonyme de « victoire », pour la Coalition qui s'était créée en mai 2009, à Montpellier, suite aux déclarations lancées alors par le président de la Région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, quant à l'arrivée prochaine d'Agrexco sur le Port de Sète... Et une grosse épine dans le pied de la Région, qui, propriétaire du port depuis 2007, a d'ores et déjà concouru à l'acquisition d'un terminal fruitier, dans le cadre de son vaste programme de travaux (300M d'euro sur 10 ans), lancé avec l'EPR (Établissement Public Régional) sur le site sétois.
Retour sur une faillite
Rassemblant une soixantaine de membres dès sa création, la Coalition était rapidement parvenue à rassembler jusqu'à 105 organisation politiques, associatives et syndicales, avec notamment le concours du PCF, des Verts, du NPA, du CCIPPP, de l'Union Syndicale Solidaires et de la Confédération paysanne... Mais aussi à s'étendre au-delà des frontières régionales et hexagonales avec de nombreux relais dans différents pays européens, tels que l'Espagne, l'Italie, l'Angleterre ou l'Ecosse. Avec, au menu, manifestations, actions coup de poing dans les supermarchés et appels au boycott de cette entreprise accusée de commercialiser des denrées agricoles produites dans les colonies israéliennes « illégales » de la Palestine. Tant et si bien que les instigateurs de ces actions peuvent aujourd'hui s'estimer en partie responsables de la faillite d'Agrexco qui était confrontée à de graves difficultés financières, ces derniers mois, le résultat le plus visible, sur le Port de Sète, étant l'arrêt total des livraisons de conteneurs d'Agrexco observé depuis mai dernier.
« Nous ne sommes pas totalement responsables de la faillite d'Agrexco, mais il est certain que notre mouvement de boycott, qui s'inscrivait pleinement dans l'action du BDS (2), à joué un rôle important, explique Jean-Paul Nuñez, pour la Coalition. La presse israélienne de ce matin le dit d'ailleurs... Et nous avons aussi joué un rôle considérable dans le recul du repreneur irlandais Total Produce, qui était intéressé par le rachat d'Agrexco, en l'inondant de faxs et de mails en provenance de toute l'Europe ».
Sans objet, la Coalition contre Agrexco est aujourd'hui vouée à une dissolution imminente. La « vigilance » reste cependant de mise, souligne Jean-Paul Nuñez : « Si un autre exportateur reprend le marché d'Agrexco, nous recommencerons ».
N.E