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Vœux 2026 : Emmanuel Macron cherche le souffle d’un pouvoir épuisé

Ce 31 décembre 2025, Emmanuel Macron a livré ses vœux à la nation dans une atmosphère pesante, entre appel à la cohésion et volonté de défendre un bilan contesté. Un exercice de communication plus que de conviction, pour un chef de l’État fragilisé politiquement et isolé institutionnellement.

Filmée depuis le salon doré de l’Élysée, l’allocution d’Emmanuel Macron a duré un peu plus de vingt minutes. Fidèle à la tradition, le président a adressé ses vœux « à toutes les Françaises et à tous les Français », tout en tentant de projeter une image d’autorité et de sérénité. Mais le ton, plus grave qu’à l’accoutumée, trahissait un moment de vérité politique. À la tête d’un exécutif affaibli, le chef de l’État a voulu rappeler sa détermination à poursuivre son action jusqu’à la fin de son mandat. « Je servirai la France jusqu’à la dernière seconde », a-t-il affirmé, dans une formule martelée avec insistance.

Car derrière la solennité, le contexte reste d’une grande fragilité. L’année 2025 s’achève sur une triple impasse : une influence politique en berne, des sondages au plus bas, et une majorité introuvable à l’Assemblée nationale. Le gouvernement a dû batailler pour faire adopter le budget 2026, multipliant les compromis au prix d’un brouillage stratégique. Le président, lui, se veut au-dessus de la mêlée, parlant d’« unité » et de « résilience », mais son autorité apparaît érodée, y compris dans son propre camp.

Il a pourtant tenté de reprendre l’initiative, en dessinant les priorités de l’année à venir : réguler les réseaux sociaux pour protéger les plus jeunes, encadrer la fin de vie, relancer le service national universel. Autant de chantiers qu’il a présentés comme le socle d’une « action utile », tournée vers les générations futures. Mais ces promesses, déjà esquissées les années précédentes, peinent à susciter l’adhésion. « Nous devons regarder 2026 avec confiance », a-t-il exhorté. Une confiance que peu de Français semblent encore partager.

Un message d’autorité, mais sans élan

Sur le fond, le discours a oscillé entre bilan et justification. Emmanuel Macron a vanté les « efforts » accomplis depuis 2017, insistant sur la transformation du pays malgré les crises successives. Mais cette rhétorique du courage solitaire trouve de moins en moins d’écho. « Je sais les doutes, les colères parfois, mais je crois en notre capacité collective », a-t-il déclaré, dans une adresse qui se voulait rassembleuse. Le problème, c’est que la France qu’il décrit — résiliente, confiante, unie — n’existe plus que dans les mots du président.

L’opposition n’a d’ailleurs pas tardé à réagir. La gauche a dénoncé un discours « hors-sol », le Rassemblement national a parlé d’un « président coupé du pays », tandis que Les Républicains ont souligné « l’absence de cap budgétaire clair ». Sur les plateaux de télévision, les commentateurs ont unanimement noté la sobriété de la mise en scène, mais aussi la pauvreté du souffle politique. Le chef de l’État, seul face à l’écran, a semblé s’adresser davantage à l’histoire qu’à la nation.

Ce contraste entre la gravité du ton et la faiblesse des propositions illustre l’impasse du macronisme finissant. Sept ans après son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron ne dispose plus ni de majorité solide, ni d’élan populaire. Sa promesse de renouveler la vie politique s’est heurtée à la lassitude d’un pays fragmenté et à la défiance croissante envers les institutions. L’image d’un président debout, mais seul, s’impose comme la métaphore d’un pouvoir fatigué.

Dans cette allocution de fin d’année, le chef de l’État aura cherché à conjurer cette impression d’usure. Mais la mise en scène sobre, la diction appliquée et les appels à la cohésion nationale n’ont pas suffi à rallumer l’étincelle. L’histoire retiendra peut-être ce discours comme celui d’un président conscient de son isolement, parlant à une France qu’il peine désormais à convaincre.

« Le courage, c’est de continuer », a conclu Emmanuel Macron. Le problème, c’est qu’en politique, continuer ne suffit plus : encore faut-il entraîner.

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