Les obsèques du chanteur Jean Ferrat ont rassemblé des milliers de personnes
Près de 6000 personnes ont accompagné le chanteur Jean Ferrat, décédé samedi dernier et inhumé mardi après midi à Antraigues, petit village perché sur les montagnes d’Ardèche (sud).
Un dispositif exceptionnel a été mis en place pour accueillir et drainer une foule nombreuse. L’accès au village étant interdit aux véhicules, les milliers de personnes venues rendre hommage au chanteur étaient acheminées par des bus navettes.
Une cérémonie simple et sans discours a eu lieu sur la place au sommet du village, dans le strict respect des dernières volontés de Jean Ferrat.
La foule massée face à un parterre de fleurs au pied d’une tribune a écouté de brefs hommages rendus par le maire du village et le frère aîné du chanteur.
La lecture, entrecoupée de sanglots, du poème d’Aragon, « Que serais-je sans toi », par sa filleule, a soulevé une grande émotion. Tout comme l’interprétation de deux de ses plus belles chansons, « Ma France » et « Que c’est beau la vie », par Isabelle Aubrey et Francesca Solleville, amies de Jean Ferrat.
Le chanteur a ensuite été inhumé dans le cimetière du village en présence des seuls membres de sa famille et de quelques personnalités proches.
Les personnes sont venues de toutes les régions de France pour rendre hommage à cet artiste au parcours exceptionnel qui fut souvent interdit d’antenne pour ses chansons plutôt dérangeantes.
Jean Ferrat est mort samedi 13 mars à l'âge de 79 ans à l'hôpital d'Aubenas en Ardèche. Il était l'auteur, l'interprète et le compositeur de plus de deux cents chansons.
Né le 26 décembre 1930 à Vaucresson dans les Hauts-de-Seine, Jean Ferrat, né Jean Tenenbaum, a 11 ans lorsque son père, juif émigré de Russie, est déporté.
L'enfant sera sauvé grâce à des militants communistes. A la Libération, il quitte le lycée pour aider sa famille, et devient aide-chimiste jusqu'en 1954, avant de tenter de proposer ses talents de chanteur et de compositeur dans des cabarets parisiens.
Après avoir écrit la musique des Yeux d'Elsa (1956) pour André Claveau, il chante régulièrement à La Colombe, puis fait sa première grande scène à l'Alhambra en 1961 où il triomphe avec Ma môme, et Deux enfants au soleil.
Rapidement, Jean Ferrat choisit d'interpréter des textes plus engagés , comme Nuit et Brouillard (1963), non diffusée par les radios, puis Potemkine (1965), interdite d'antenne.
Jean Ferrat fut très proche du Parti communiste français, mais il n’était pas encarté. En 1974 et 1995, Jean Ferrat se consacre avec succès deux albums à Louis Aragon dont il met les textes en musique (Que serais-je sans toi ? Heureux celui qui meurt d'aimer).