France: la grève fait tache d'huile sur les douze raffineries
Dans les douze raffineries françaises les salariés sont tous en grève ce vendredi 15 octobre annoncent les syndicats. Le mouvement s’inscrit dans le cadre des actions de contestation de la réforme des retraites.
Selon le syndicat CGT (Confédération Générale du Travail) du groupe Total, « il faut remonter à 1968 pour retrouver pareille mobilisation » dans le secteur.
Dans les six raffineries Total, la grève se poursuivait vendredi, selon la direction du groupe pétrolier. Chez le pétrolier Esso, la raffinerie de Port-Jérôme Gravenchon (Seine-Maritime) est en grève depuis 22h jeudi, a indiqué la direction.
La raffinerie Esso de Fos, (Bouches-du-Rhône) est affectée à la fois par le blocage des terminaux pétroliers du port de Marseille, et par la grève sur les retraites observée par les personnels chargés des expéditions, a précisé la direction du groupe.
Dans la même région, autour de l'Etang de Berre, les raffineries LyondellBasell et Ineos sont également en grève, selon des sources syndicales.
En Alsace, la grève à la raffinerie de Reichstett a débuté à midi dans le secteur des expéditions et devait commencer à 13h pour le personnel de production. Le site étant classé à risques élevés, des salariés devaient être réquisitionnés pour assurer la poursuite des activités à un niveau réduit.
Les salariés grévistes ont par ailleurs procédé au blocage de nombreux dépôts de carburant à travers le territoire.
La présidence française a pris jeudi soir la décision de recourir aux forces de l'ordre pour débloquer les dépôts pétroliers particulièrement stratégiques.
« On ne peut pas se permettre une pénurie d'essence, il faut penser à toutes celles et tous ceux d'entre nous qui ont besoin de se déplacer (...), aux entreprises, aux transporteurs routiers, tout ce qui fait la vie de notre pays, d'où ces décisions » de lever les blocages, a déclaré le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, sur l’antenne d’Europe 1.
Le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (près de Marseille) considéré comme stratégique, a été le premier à être débloqué par les CRS (compagnies républicaines de sécurité, vendredi vers 4h du matin. L’opération s’est déroulée sans incident, selon la préfecture et les syndicats.
De nouveaux dépôts ont été bloqués, parfois temporairement, dans de nombreuses autres régions où se trouvent des sites pétroliers, entraînant l’intervention de la police.
Conséquences directes de ces actions, l'oléoduc qui approvisionne en carburant les aéroports franciliens d'Orly et de Roissy et les terminaux de Coignières (Yvelines), Orléans (Loiret) et Tours (Indre-et-Loire) ne fonctionnait plus, vendredi matin, faute de produits pétroliers.
« L'aéroport d'Orly a dix-sept jours de stocks et Roissy a des stocks au moins jusqu'à la fin de ce week-end », a précisé la société Trapil, qui gère le pipeline.
Selon l'Union française des industries pétrolières (UFIP), plusieurs centaines de stations-service sont par ailleurs dépourvues de carburant.
Craignant une pénurie dès le 20 octobre, l’UFIP a réclamé le déblocage des stocks de réserve des distributeurs et l'importation de carburant pour les transporteurs routiers, des mesures autorisées par le gouvernement.
Ces réserves « représentent entre dix et douze jours de consommation », selon le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau.