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France, Affaire Karachi : un témoin passe à table, Chirac et Villepin prochainement objet d’une plainte

Photo: DRNouveau rebondissement dans l’affaire de l’attentat de Karachi, au Pakistan, et des rétrocommissions présumées qui auraient atterri dans les comptes de campagne d’Edouard Balladur lors des présidentielles de 1995.

Selon le site médiapart, le juge Renaud Van Ruymbeke a recueilli, jeudi 18 novembre, un témoignage permettant d’établir un « lien direct » entre l’arrêt du versement des commissions liées à la vente de sous-marins au Pakistan décidé par Jacques Chirac en 1995 et l’attentat qui a coûté la vie à onze employés de la Direction des constructions navales (DCN) à Karachi, en mai 2002.

Du coup, l’avocat des familles des victimes s’apprête à déposer une plainte une pour mise en danger de la vie d’autrui et homicide involontaire contre Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Dominique Castellan, ancien dirigeant de DCN International. L’avocat des familles considère que l’on a « privilégié » la riposte contre un adversaire politique (Chirac contre Balladur) au détriment de la sécurité des personnels.

Dans une déclaration vendredi soir sur TF1, De Villepin a confirmé l’existence de « très forts soupçons » de rétrocommissions vers la France en 1995, en marge de contrats d’armement. Il a dit souhaité être entendu comme témoin dans l’enquête par le juge Renaud Van Ruymbeke. Dominique de Villepin exerçait les fonctions de secrétaire général de l’Elysée sous la présidence de Jacques Chirac.

«Trois mois après mon arrivée à la tête de la Sofresa, M. Million (Ministre de la Défense, ndlr) m'a fait part d'un ordre du président de la République d'arrêter immédiatement les paiements et de détruire si possible les documents relatifs au réseau K du contrat Sawari II», a déclaré Michel Mazens, entendu comme témoin. Entre 1995 et 2006, ce dernier occupait le poste de PDG Sofresa, société chargée de négocier au nom de l'Etat français de grands contrats d'armement.

« Je me suis engagé à arrêter les paiements aux intermédiaires du réseau K, à savoir essentiellement M. Takieddine qui était en première ligne – j'ai découvert par la suite M. El-Assir – et à détruire les documents qui pouvaient lier l'Etat français à ce réseau (...) Quand j'ai reçu l'ordre de mettre fin au réseau K, j'en ai fait part à M. Takieddine. Je lui ai dit que j'avais reçu l'ordre au plus haut niveau de surseoir à tous les paiements à venir et de supprimer les documents nous liant », a révélé le témoin dans le cabinet du juge, rapporte le site médiapart.

Le patron de la branche commerciale de la DCN, aurait alors mis en garde Michel Mazens contre les risques de représailles sur les personnels en poste au Pakistan. «Un soir, je suis ainsi allé voir M. Castellan dans son bureau pour lui faire part de la directive de M. de Villepin. Il a réagi en me disant que pour lui c'était compliqué car c'était faire courir des risques à ses personnels. J'ai appris par la suite que M. Castellan s'était fait confirmer ce que je lui avais dit en interrogeant la DGSE», a-t-il déclaré devant le juge.

Ce témoignage donne de nouveaux arguments aux familles des victimes qui se démènent depuis des années pour faire la lumière sur les circonstances de l'attentat. Outre Jacques Chirac et Dominique de Villepin est également visé Nicolas Sarkozy qui fut très actif dans la campagne d'Edouard Balladur pour les présidentielles en 1995. Une affaire qui tombe plutôt mal pour le président de la République déjà au creux de la vague dans les sondages.

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