L’Ecole française dans la tourmente
Une nouvelle scène de violence dans un établissement scolaire défraie la chronique en France. Un élève de 17 ans d’un lycée a été blessé à coups de cutter lundi durant un cours d’éducation physique dans un gymnase jouxtant cet établissement du Val-de-Marne, un département qui connaît son troisième incident grave en milieu scolaire depuis le début de l’année.
Cette agression intervient deux semaines après celle d’un élève de 14 ans d’un lycée situé dans une ville voisine. Les professeurs de cet établissement avaient alors décidé d’exercer leur « droit de retrait » et n’ont repris les cours qu’aujourd’hui, après deux semaines d’arrêt, déclarant ne pas vouloir prendre le risque de léser les élèves, notamment à l’approche du baccalauréat.
En réaction à ces incidents en cascade, Luc Chatel, ministre de l’Education, vient d’annoncer la tenue en avril d’Etats généraux sur la sécurité à l'école afin que «les représentants des collectivités locales, les sociologues, l'Observatoire de la violence à l'école puissent plancher avec un peu de recul sur la question de la violence à l'école ».
La question mérite en effet d’être ainsi mise en débat. Le phénomène est évidement indissociable des soubresauts qui secouent le restent de la société, de la banalisation de la violence chez une fraction de la jeunesse, mais pas seulement.
Les spécialistes peuvent toujours plancher sur le sujet, sans doute accoucheront-ils de recommandations pertinentes. Cette multiplication des agressions n’en reste pas moins tout simplement le signe évident du délabrement du système public d’éducation. La politique de réduction massive des postes d’enseignants et de personnels pédagogiques ne pouvait que produire un tel climat de pagaille propice à tous les débordements.
La droite française qui escompte tirer profit du climat d’insécurité à l’approche des élections régionales, pourrait bien au contraire déchanter et se mordre les doigts. Plus que jamais, le vote sanction attend sûrement la majorité présidentielle au tournant, devant une Ecole dans la tourmente.