Marseille : fumée noire de la colère sur le Vieux Port (Reportage)
La ville de Marseille semble plongée dans un état de léthargie au petit matin de ce jeudi 21 octobre. Pas de bus, peu de tramways et des tas d’ordures qui grossissent à vue d’œil à tous les coins de rue.
Des commerçants tentent désespérément de donner quelques coups de balais devant les devantures, gestes inutiles tant les trottoirs sont jonchés de détritus balayés par un petit vent sournois. Sur le marché central de Noailles, au cœur de ville, les étals sont encerclés par un amoncellement d’ordures.
Le préfet a bien annoncé hier que la sécurité civile avait été appelée à la rescousse pour le ramassage. Mais il faut croire que les interventions ont concerné quelques endroits ciblés et trop exposés, tout juste pour limiter les dégâts.
Des voitures de police ont pris position dès le matin sur les rues adjacentes à la Canebière, avenue centrale. Plus bas, sur le Vieux port, près d’un millier de manifestants constitués de cheminots, de postiers, de traminots, d’étudiants et de lycéens sont rassemblés derrière des banderoles en clamant des slogans.
Vers 11h, opération surprise : « Pas de caméras ! Pas de caméras ! ». Les membres du service d’ordre, reconnaissables à leurs gilets fluorescents, se déploient dans la foule pour demander aux journalistes présents de ne pas filmer.
Les manifestants laissent alors subitement place à l’arrivée d’un fourgon conduit par un chauffeur au visage à moitié protégé par un foulard.
Des hommes vêtus de combinaisons blanches, dont le visage est également protégé, surgissent du fourgon en déchargeant des poutres de bois qu’ils entreposent et clouent rapidement à même la chaussée, au centre du rond-point du Vieux Port.
L’opération est effectuée derrière un écran de fumigènes allumés au même moment et au rythme du « Tous ensemble ! Tous ensemble ! » Une vingtaine de cagots portant le sigle La Poste sont ensuite déversés sur les poutres et mis à feu.
La circulation est complètement bloquée. Tandis que sous les yeux de quelques grappes de touristes ébaubis, le feu crache une fumée noire de la colère.