Liban: Sunnites et alaouites enterrent la hache de guerre
Après 4 mois d’affrontements dans le nord du pays, sunnites et alaouites sont parvenus à un accord de réconciliation. Les dirigeants alaouites, Ali Eid, Rifaat Eid et le mufti Cheikh Malek al-Chaar, ainsi que le dirigeant sunnite Saad Hariri et certaines personnalités influentes de Tripoli (nord) ont signé lundi soir l'accord de réconciliation à la résidence de M. al-Chaar, le mufti de Tripoli et du nord du Liban, en présence du Premier ministre Fouad Siniora.
"Tripoli doit se débarrasser de la présence militaire et des hommes armés", a indiqué M. Siniora, selon qui "l'armée et les forces de sécurité ont reçu l'ordre de renforcer la loi et l'ordre".
L'accord de réconciliation appelle à éliminer toute action armée dans le nord, à payer les compensations pour les propriétés endommagées et à faire preuve de retenue de toute forme de violence.
Saad Hariri, qui s'est déplacé dans la région samedi pour avoir des consultations avec les dirigeants des groupes rivaux, s'est engagé à ce que l'Etat assure que les demandes des victimes des violences soient satisfaites avant la fin du mois de jeûne du Ramadan.
Lors du sommet quadripartite (Syrie, France, Qatar, Turquie) jeudi à Damas, le président Syrien Bachard al-Assad avait fait part de son "inquiétude" devant les récentes violences confessionnelles à Tripoli et affirmé avoir dit à son homologue libanais Michel Sleimane d'"envoyer d'urgence davantage de troupes au nord".
La déclaration avait alors provoqué une réaction au vitriol de Saad Hariri (chef de la majorité parlementaire antisyrienne) "Ceux qui exportent le terrorisme vers le nord du Liban n'ont pas le droit d'exprimer des craintes sur le développement de l'extrémisme au Liban", a-t-il rétorqué.
La majorité anti-syrienne soupçonne en fait Damas de vouloir utiliser la situation à Tripoli pour s’ingérer dans les affaires du Liban, voire amorcer un retour militaire sur son territoire. Plus précisément, la Syrie est accusée par la majorité de déstabiliser le Liban en soutenant notamment le Fatah al-Islam et les mouvements alaouites qui ont affronté de mai à juillet derniers à Tripoli des partisans sunnites du camp de la majorité.
Les combats de quatre mois dans la région du nord du Liban ont fait 23 morts et des centaines de blessés