Relations Syro-Libanaises : il y a de l’eau dans le gaz
Peut-être les observateurs et les hommes politiques, français notamment, se sont-ils exprimé un peu trop vite, pronostiquant une embellie dans les relations Syro-libanaises à court terme. La réalité semble prendre une tout autre direction suite aux récentes déclarations de Bachar a-Assad au sujet des affrontements dans le Nord du Liban.
Lors du sommet quadripartite (Syrie, France, Qatar, Turquie) jeudi à Damas, Assad avait fait part de son "inquiétude" devant les récentes violences confessionnelles à Tripoli et affirmé avoir dit à son homologue libanais Michel Sleimane d'"envoyer d'urgence davantage de troupes au nord".
Réaction au vitriol de Saad Hariri, le chef de la majorité parlementaire antisyrienne. "Ceux qui exportent le terrorisme vers le nord du Liban n'ont pas le droit d'exprimer des craintes sur le développement de l'extrémisme au Liban", a-t-il déclaré vendredi soir.
"Les Libanais ont bonne mémoire et se rappellent très bien qui a envoyé le Fatah al-Islam dans le camp de Nahr al-Bared et au nord et qui a et continue à financer les activités terroristes dans d'autres régions", a-t-il ajouté M. Hariri. faisant référence au groupuscule islamiste qui a affronté l'armée pendant trois mois en 2007 dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared (nord).
La majorité anti-syrienne soupçonne en fait Damas de vouloir utiliser la situation à Tripoli pour s’ingérer dans les affaires du Liban, voire amorcer un retour militaire sur son territoire. Plus précisément, la Syrie est accusée par la majorité de déstabiliser le Liban en soutenant notamment le Fatah al-Islam et les mouvements alaouites qui ont affronté de mai à juillet derniers à Tripoli des partisans sunnites du camp de la majorité.
"Nous craignons que le président syrien n'ordonne à son armée d'intervenir au Liban nord s'il réussit à convaincre ceux qui lui déblaient le terrain de lui confier la tutelle sur le Liban, sous prétexte de la lutte antiterroriste", a commenté le vice-président du Parlement, Farid Makari
Le député Antoine Andraos, du bloc du chef druze Walid Joumblatt, membre de la majorité, a pour sa part accusé la France d'avoir "reconnu le rôle du dictateur et du criminel Bachar al-Assad, qui a multiplié meurtres et attentats au Liban".
Aux yeux du Premier ministre Fouad Siniora enfin, allié de la majorité, "Tripoli n'est pas un foyer du terrorisme comme certains tentent de le faire croire. Les responsables de la ville rejettent le langage des armes et restent attachés à la coexistence et à l'Etat. Les tentatives de déformer l'image de Tripoli sont une injustice", a-t-il dit cité par la presse.
Les déclaration des uns et des autres prêtent à penser que les relations risquent fort de se tendre à nouveau : il y a de dans le gaz.