Marseille: le 7ème Art africain n'est pas assez distribué
« En Afrique, un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle » disait Amadou Hampaté Bâ, écrivain africain. Après le décès de Sembene Ousmane, c’est Youssef Chahine qui nous a quittés dimanche dernier : deux « vieillards » du cinéma africain. Mais comment se porte le 7e art africain ? Est-il visible à Marseille ?
Même s’il n’a pas bénéficié d’une publicité conséquente, un Festival du cinéma africain, organisé par Naky Sy Savané (actrice Ivoirienne) et Kélétigui Coulibaly, a bel et bien eu lieu du 22 au 27 avril dernier, avec d’excellents films, dans un petit cinéma sur l’avenue du Prado, le Chambord.
Peut-être que les organisateurs avaient privilégié le « bouche à oreille », mais à l’évidence, c’était un événement marginal pour les médias locaux. Peut-être que Marseille ne sait pas assez, que le premier cinéaste de l’Afrique subsaharienne était docker sur le port de la citée phocéenne.
En effet Sembene Ousmane a commencé sa carrière d’écrivain à Marseille et son premier film « la Noire de… » a été tourné en France. Le cinéma africain n’est donc pas en « séjour illégal » en France.
Le 7e Art existe effectivement en Afrique. Ce qui lui manque c’est surtout la visibilité liée aux gros moyens financier que possèdent les grands distributeurs de films. De bons réalisateurs produisent régulièrement des œuvres qui valent le détour ; mais leur budget est tellement restreint qu’au bout de la chaîne ils n’ont que 2 ou 3 bobines de film à faire circuler là où Hollywood et Bolywood (cinéma indien) inondent avec des centaines.
C’est l’Egypte qui sera à l’honneur en 2009 à Marseille, avec le Festival Miroirs et Cinéma d’Afriques, sous la houlette de Naky Sy Savané, qui prépare déjà, pour avril 2009, sa troisième édition où sera commémorée la vie et l’œuvre du grand Youssef Chahine. Ce projet tombe à propos car il est en chantier depuis deux ans.
Un partenariat fort existe déjà avec le cinéma égyptien qui jouit d’un meilleur encadrement par rapport au reste de l’Afrique, assure l’organisatrice.
Naky, star militante du cinéma de l’Afrique noire, qui a fait ses apparitions à Cannes, est fondatrice de l’Afriki Jigui Theatri - un espace dédié à l’expression culturelle de l’Afrique et de sa diaspora à Marseille.
A Marseille depuis 5 ans, elle s’engage dans tout ce qui peut rendre la culture africaine plus visible et consommable pour les Marseillais de tout bord. Son ambition est de contribuer positivement, grâce au cinéma africain, à l’image multiculturelle de Marseille qui veut devenir capitale de la culture en 2013.