Haïti : dix Américains inculpés pour enlèvement de mineurs
Les dix Américains soupçonnés d'avoir voulu kidnapper une trentaine d'enfants haïtiens ont été inculpés jeudi pour "enlèvement de mineurs et association de malfaiteurs", a déclaré leur avocat Edwin Coq.
Le procureur adjoint haïtien Jean Ferge Joseph a énoncé les chefs d'accusation à l'encontre des dix Américains, provenant de deux églises baptistes basées dans l'Idaho (nord-ouest des États-Unis). Il a indiqué que leur dossier serait remis à un juge d'instruction.
"Le juge peut vous libérer, mais il peut également continuer à vous retenir pour des poursuites supplémentaires", a-t-il affirmé.
Les baptistes, jusque-là persuadés de leur libération, ont paru stupéfaits à l'annonce des chefs d'accusation.
Ils avaient été interpellés vendredi dernier près de la frontière dominicaine alors qu'ils étaient à bord d'un bus, en compagnie de 33 enfants haïtiens sans papiers qui, selon les dires, étaient orphelins depuis le séisme du 12 janvier dernier.
Les autorités haïtiennes affirment que ces baptistes américains n'avaient pas l'autorisation adéquate pour sortir d'Haïti les mineurs concernés, dont la majorité n'étaient pas orphelins.
Par ailleurs, la police haïtienne a déclaré que certains parents avaient reconnu avoior remis leurs enfants aux baptistes dans l'espoir d'une vie et d'une éducation meilleures.
Les Américains ont nié toute mauvaise intention, arguant qu'ils voulaient conduire les enfants à un orphelinat converti à Cabarete, en République dominicaine.
Une fois inculpés, ces dix Américains (cinq hommes et cinq femmes) encourent une longue détention préventive, car en vertu des lois haïtiennes, la justice dispose désormais de trois mois pour instruire l'affaire.
"Le système judiciaire américain ne peut s'ingérer maintenant dans ce qui se poursuit avec ces Américains... Le système judiciaire haïtien fera ce qu'il doit faire", a déclaré l'ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, Kenneth Merten.
Avant l'annonce des chefs d'inculpation, le porte-parole du département d'Etat américain Philip Crowley avait affirmé que les États-Unis ne chercheraient pas à intervenir dans cette affaire.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a qualifié mercredi la conduite des Américains de "regrettable quelle que soit la motivation".