Présidentielle au Gabon: 23 candidats jettent leurs dernières forces dans la bataille (Reportage)
Entre meeting, débats télévisés, audiences privées et tractations pour obtenir des ralliements, les 23 candidats, dont trois femmes, à l'élection présidentielle du 30 août au Gabon n'ont plus droit au repos.
La pression monte au fur et à mesure qu'approche la date fatidique, choisie par le gouvernement gabonais pour d'élire le successeur à Omar Bongo Ondimba, décédé à 73 ans le 8 juin 2009 après avoir passé 41 ans au pouvoir.
La campagne électorale démarrée timidement le 15 août dernier est plus que jamais très vive. Petites phrases assassines, injures, et promesses de tout genre, tout y passe pour arracher les hourras d'une foule de personnes généralement acquises.
"Dans le bureau de vote, vous choisirez ma main bien ouverte (NDLR : le logo du parti d'Ali Bongo est une main ouverte) et non celle qui est fermée tenant une flamme pour brûler je ne sais quoi", a lancé jeudi Ali Bongo Ondimba, candidat du Parti démocratique du Gabon (PDG, au pouvoir), lors d'un meeting à la mythique place de Rio, traditionnellement acquise à l'opposition.
Ali Bongo Ondimba "titillait" ainsi le candidat indépendant André Mba Obame, dont le logo est une main tenant un flambeau.
"Ne votez pas cet homme, lui c'est Ali'9, il veut perpétuer la dynastie des Bongo au pouvoir", a martelé samedi dernier lors d'un meeting à Port-Gentil, Louis Gaston Mayila, leader politique soutenant la candidature de Pierre Mamboundou, opposant radical au régime de Bongo Ondimba.
"Il faut un candidat unique de l'opposition" contre le candidat du parti au pouvoir, suggérait Jean Eyeghe Ndong, dernier Premier ministre d'Omar Bongo Ondimba. Ancien vice-président du PDG, M. Eyeghe Ndong est aujourd'hui l'un des farouches partisans d'une défaite d'Ali Bongo Ondimba.
Un groupe d'associations a monté à la hâte un mouvement hostile à Ali Bongo dénommé "Appel à une candidature unique de l'opposition", alors que le PDG crie au repli identitaire dangereux pour la paix et l'unité nationale.
Projets de société
Ali Bongo Ondimba promet 40% du budget de l'Etat à l'investissement pour lutter contre le chômage et pour un développement rapide du Gabon. Son rêve est de hisser le Gabon au statut de pays émergeants.
André Mba Obame, ancien ministre de l'Intérieur, se présente comme le moteur d'un développement rapide du Gabon.
Paul Mba Abessole, ancien opposant radical et ancien maire de Libreville ayant rallié la majorité présidentielle en 2002 a repris son slogan fétiche : "école cadeau, hôpital cadeau, un travail et un toit pour tous".
Ancien ministre des Mines et du Pétrole et ancien Premier ministre, Casimir Oyé Mba se propose de construire 200 km de routes par an.
Zacharie Myboto, 71 ans, candidat de l'Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD) promet des routes fiables dans un pays, où 10% de routes seulement sont bitumées en un demi-siècle environ d'indépendance.
Grosso modo, tous les projets de société se croisent sur les besoins de développement, de paix et de justice sociale.
Mise en garde
C’est la principale inquiétude des populations ainsi que des candidats. Bruno Ben Moubamba, 42 ans, candidat indépendant a préféré battre campagne devant le siège de l'Assemblée nationale, où il observe une grève de la faim. Il réclame toujours un report du scrutin parce qu'il juge le processus actuel entaché d'irrégularité.
Pour sa part, Zacharie Myboto a vivement critiqué le corps électoral constitué de 813.164 électeurs inscrits. Ancien baron du PDG, passé à l'opposition en 2004, a estimé que le fichier électoral est "biaisé".
Pour la première fois depuis plusieurs années, il n'y a aucun super-favori. Sur 23 candidats, Ali Bongo Ondimba, Pierre Mamboundou, Casimir Oyé Mba, André Mba Obame, Zacharie Myboto, Paul Mba Abessole sont cités comme les candidats ayant mobilisé le plus grand nombre de personnes pendant la campagne. Le parfait inconnu serait Jean Guy Kombeny, totalement absent du terrain.
Cependant, des observateurs de la vie politique à Libreville considèrent qu'Ali Bongo est "en bonne position" pour remporter le scrutin du 30 août prochain.
Le gouvernement gabonais s'engage à prendre toutes les mesures nécessaires pour que "le scrutin se déroule dans de bonnes conditions".
"Le conseil met en garde, en conséquence, tous ceux qui, par la menace ou l'intimidation, tenteraient d'empêcher certains compatriotes d'aller aux urnes", indique le communiqué final du Conseil des ministres de mercredi dernier.
Le ministre de l'Intérieur chargé de la défense nationale, Jean-François Ndongou, a mis en garde jeudi contre toute manifestation ou trouble après le scrutin présidentiel. Pour lui, une chose est claire et confirmée: ceux qui ne soumettront pas à la loi seront sanctionnés par la loi.