Vidéos : Après TFC-MHSC, les supporters racontent une soirée de "violences policières gratuites"
Par nicolas éthèvePublié le
Que s’est-il passé hier soir à la sortie du stade de Toulouse ? Après avoir annoncé en direct l’information des quatre supporters montpelliérains blessés par des coups de matraques de la SIR et des CRS, Médiaterranée a fait aujourd'hui le point avec plusieurs supporters, trois du MHSC et un du TFC, voici leurs récits de ce qu’ils dénoncent comme "des violences policières gratuites".
Médiaterranée commence cette série de témoignages illustrée par 3 vidéos toutes filmées à peu près au même moment « plus calme » que juste avant dans le goulot d’entonnoir, avec Timothé du groupe ultra Camarga Unitat. Après le coup de sifflet final, le supporter montpelliérain a été interpellé hier soir, relâché et frappé à coups de matraque à plusieurs reprises, tout cela en quelques minutes, sans rien n’avoir à se reprocher, voici tout ce qu’il nous raconte.
Le témoignage de Timothé
« Le match en tribune se passait très bien, mais à la sortie du stade la SIR m’a mise sur le côté pour relever mon identité, j’ai tout de suite compris que c'était pour un fumigène allumé pendant la rencontre. Je n'avais rien à me reprocher et je leur ai donné toutes les informations qu’ils m’ont demandées. Ils disaient qu’ils avaient un enregistrement vidéo, mais je ne l’ai pas vu, forcément ce n’était pas moi qui a allumé ce fumigène. Le fond de ma pensée aujourd’hui, c’est qu’ils ont simplement profité du fait que je sorte seul pour interpeller quelqu'un au hasard. Après 5 bonnes minutes d’échanges avec eu, j’ai rejoins tout le monde qui m'attendaient non loin. À ma libération, les groupes se sont dirigés vers les véhicules, mais la marche a été freinée par les grilles filtrantes. Les CRS visiblement pressés ont bousculé l'arrière du peloton où je me trouvais. J’ai reçu mes premiers coups de matraque sans pouvoir avancer davantage, un collègue voyant que j'étais en difficulté m'a extirpé des grilles in-extremis. Les esprits se sont échauffé, pour ma part j’étais refroidis par mon interpellation injustifiée et j’ai rejoint mon véhicule. Tout le monde était un peu sur les dents. Alors que j’étais adossé à mon véhicule garé tout près d'un cordon de policier (SIR), j’ai reçu de la bombe lacrymogène au visage, je ne sais pas à qui elle était destinée, toujours est-il qu’elle m’a aveuglé. J'essayais de me mettre à l’abri derrière la voiture mais j'ai aperçu un homme de la SIR s'approcher bien plus déterminé que les autres. Sans sommation et alors que je n'opposais aucune résistance, il m'a asséné un énorme coup sur le haut du front. Je me suis écroulé et de longues secondes après j’ai pris conscience que je perdais beaucoup de sang. J’ai ensuite été pris en charge par les secours. Je m’en tire avec 4 points de suture et une balafre de plus de 10cm du haut du front jusqu'au milieu du crâne. Et le souvenir de plusieurs phrases tendancieuses de la part de la SIR comme "ah que c'est bon les matchs de foot" avec un air malicieux, les invectives envers Casti et d'autres encore. »
Coups de matraques de la SIR sur les supporters de Montpellie ...Coups de matraques de la SIR sur les #supporters de #Montpellier à #Toulouse, un témoignage #vidéo exclusif de Médiaterranée. #TFC #MHSC, plus d'infos sur ces incidents ici -> http://bit.ly/1RFC11U
Posté par Médiaterranée Languedoc-Roussillon sur dimanche 1 novembre 2015
Le témoignage de Florent à deux rangs de Timothé en tribunes et ailleurs
Voici le témoignage de Florent qui était à côté de Timothé dans le stade et a assisté aux incidents à la sortie :
« Un fumigène a été allumé pas loin de moi à la 34ème minute. A la fin du match, juste à la sortie de la tribune, la SIR a violemment interpellé Timothé pour l’amener à l’écart. Ils pensaient que c’était lui qui avait allumé ce fumigène… Mais personne n’était inquiet, moi le premier, car il était complètement innocent. Il était tout près de moi quand le fumigène a été allumé. En attendant qu’il soit relâché, la plupart des supporters l’attendaient sur le parvis du stade. Seulement quelques minutes après, après un relevé d’identité, Timothé est effectivement revenu parmi nous. Mais à peine arrivé, de nombreux CRS se sont mis en ligne, boucliers en avant et ont commencé à nous charger. Leur chef avait beau dire "doucement les gars, doucement !", beaucoup n’en ont pas tenus compte et ont clairement foncé dans le tas en direction du parking visiteur. La désorganisation était totale… Pour ma part, j’ai vu le CRS en face de moi décaler son bouclier, serrer les dents en me regardant avant de me donner un violent coup de pied sur la cuisse. D’autres coups étaient donnés à côté de moi. Tout ça a créé un mouvement de foule entre les CRS qui nous chargeaient et les barrières de l’entrée du stade qui freinaient nettement notre recul... Les premières lignes se faisaient matraquer à tout va, que ce soit des hommes, des femmes et même des jeunes… A l’arrière, beaucoup étaient bloqués et écrasés contre les barrières. Quelques minutes après, quand tout le monde était sur le parking, les CRS accompagnés de la SIR formaient une ligne. Suite à ce qui venait de se passer, la situation restait très tendue… Pour ma part, j’étais à 2 mètres du véhicule depuis lequel a été prise la vidéo que vous avez diffusée. La SIR, qui était proche de nous, était clairement provoquante… J’ai entendu l’un d’eux dire " Je vais vous les casser vos véhicules de location, je vais vous les casser !". Certains de ses collègues le retenaient pour éviter qu’il ne s’approche pas trop des voitures avec sa matraque qu’il brandissait fièrement… Ensuite, la SIR a effectué une charge sans aucune raison entre les 2 minibus ce qu’on voit sur cette vidéo.
Supporter est un crimeLes faits parlent d'eux-même............Toulouse-Pailladins fans !!!
Posté par Liberté Pour Les Auditeurs sur dimanche 1 novembre 2015
Beaucoup ont été plaqués contre les véhicules et un gros coup de matraque a été donné, son bruit était impressionnant. Et c’est ce même Timothé qui s’est immédiatement écroulé à 50 cm de moi et j’ai vu une flaque de sang se former. Il avait le crane complètement ouvert. Entre temps, la SIR avait reculé mais absolument personne n’est venu s’inquiéter de la santé de la personne à terre. Nous avons dû lui faire les premiers soins avec le peu de matériel que nous avions, eau, mouchoirs, etc… Ce n’est que quelques (longues…) minutes plus tard qu’il a été conduit à l’infirmerie pour avoir des points de suture. Entre temps, suite à ce nouvel incident, la situation était toujours tendue. J’ai notamment vu Casti aller vers la SIR, sans agressivité, et j’ai été clairement choqué par les phrases que j’ai entendu de la part de leur part, entre autres, je cite : "sale bigleux", "je t’aurais arraché les deux yeux". Ensuite, de mon côte je n’ai rien vu de notable jusqu’à notre sortie du stade très tardive, plus de 2 heures après la fin du match. Si ce n’est les restes des échauffourées : beaucoup de personnes avaient du sang sur les habits, certains boitaient, d’autres avaient des pansements, voilà le résumé de cette fin de soirée plus que mouvementée à Toulouse ».
Dans l’œil du smartphone d’un supporter
Voici le témoignage du Montpelliérain auteur de cette vidéo :
Toulouse : sortie du stade des supporters montpelliérains de façon très encadrée…Nouveau témoignage #vidéo exclusif adressé à Médiaterranée. Regardez les images de la sortie du stade de #Toulouse, en attendant notre prochain article qui complètera les infos livrées hier soir avec les nouveaux témoignages de plusieurs supporters montpelliérains présents à #Toulouse -> http://bit.ly/1RFC11U #TFC #MHSC
Posté par Médiaterranée Languedoc-Roussillon sur dimanche 1 novembre 2015
« Dans cette vidéo, il y a une première charge quand les barrières font du bruit et ensuite on voit les agents de la SIR en bleu mettre des coups, ils arrivent par la droite sur ma vidéo et tapent ensuite au milieu et à gauche. Juste avant le début de cette vidéo, j’ai observé un attroupement devant les barrières ou tout était calme, puis j'ai vu les CRS commencer à avancer sur les supporters de Montpellier qui attendaient et ne faisaient rien de mal. Ensuite, j'ai pris du recul parce que ça ne sentait pas très bon et j'ai vu qu'il y avait du mouvement, du coup j'ai sorti mon téléphone pour filmer la scène. Ce que j'ai vu ce sont des policiers qui agressent gratuitement des personnes qui ne font rien de mal et je pense que cela doit être dénoncé. Il faut vraiment qu'un dialogue s'instaure parce que là il y avait des familles, des enfants, des femmes, il y avait tout le monde ! C’est un scandale cette répression permanente à même pas 1 an de l'Euro, s’ils n’arrivent pas à gérer 80 personnes qui ne foute pas le bordel, on peut se demander comment ils vont gérer les supporter des pays de l'Est... »
Le témoignage d’un supporter toulousain
« Il y avait au bas mot une quinzaine de camions de CRS alignés dans la rue, plus 2 voitures de la BAC et 3 ou 4 voitures de police, face à des Montpelliérains pas hostiles ».