Comme une odeur de pétrole...
Par N.TPublié le
Mouammar Kadhafi mis hors d'état de nuire, ou presque, Tripoli investie par les insurgés et le Conseil national Libyen de transition (CNT) provisoirement consacré à la tête de l'Etat, voici venue l'heure des comptes, des factures et des récompenses. Place aux chiffres, ceux qui illustrent la manne pétrolière Libyenne que couvait le "Guide".
Quatrième producteur d'hydrocarbures du continent Africain, la Libye du clan Kadhafi exportait 80 % de son pétrole vers l'Europe. Elle constitue la troisième source d'approvisionnement de la France, ex aequo avec la Mer du Nord (16 % du total en 2010), derrière les pays du Proche-Orient (17 %) et ceux de l'ex-URSS (32 %), selon l'Insee. La France importe plus de pétrole libyen (10,25 millions de tonnes en 2010) que de pétrole saoudien (6 millions de tonnes).
Autoproclamés chefs de file de la coalition internationale anti-Kadhafi, Paris et Londres ne s'engageaient pas pour des prunes. Les firmes pétrolières Françaises et Britanniques jusque-là plutôt mal placées en Libye ont désormais tout à gagner.
Le groupe français Total intervenait sur seulement deux champs pétroliers avec une production de 55 000 barils par jour (b/j), bien loin derrière l'italien Eni (244 000 b/j), les compagnies américaines (124 000 b/j), et l'allemand BASF (100 000 b/j), selon les données 2010 du département américain de l'énergie. Revenus en Libye depuis la fin des années 2000, les groupes Britannique BP et anglo-néerlandais Shell intervenaient quant à eux essentiellement dans la prospection .
La révélation, jeudi 1 septembre par le quotidien Libération, d'un accord secret attribuant 35 % du total du pétrole brut aux Français en échange du soutien au CNT, est significative des convoitises que suscite la Libye. Le chiffre est sans doute très proche de la réalité des tractations en coulisse malgré le démenti apporté par les dirigeants Libyens.
Finies les belles paroles proclamant "l'aide à un peuple en danger de mort au nom de la conscience universelle". La nouvelle grille de lecture de l'insurrection libyenne a à présent un caractère économique. Les sourires triomphants de Nicolas Sarkozy et de David Cameron saluent l'aboutissement d'arrangements conclus au rythme de la progression des troupes d'insurgés vers Tripoli. Et d'une conférence à l'autre au chevet de la nouvelle Libye, flotte désormais comme une odeur de pétrole.