Le geste ignoble de Gérard Longuet, mardi 30 octobre... (DR)

La combattante algérienne Zohra Drif : « La France coloniale, ce qu’il y a de plus hideux… »

Le « bras d’honneur » de l’ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, Gérard Longuet, en réaction à une dépêche de l’AFP sur les déclarations du ministre algérien des Anciens combattants souhaitant que la France reconnaisse les crimes coloniaux, soulève l’indignation en Algérie dans la classe politique, dans la presse et sur les réseaux sociaux.

La réaction de M. Longuet "illustre parfaitement les actions de ce courant durant la colonisation, qui avait dans sa grande majorité soutenu les thèses développées par l'OAS", déclare le porte-parole du FLN, Aïssa Kassa, à El-Watan Week-End.

"On a toujours dit que cette droite française était bête et méchante. Elle est colonialiste dans l'âme", ajoute-t-il

"Ces réactions sont honteuses et sont une véritable insulte jetée à la face du peuple algérien. Les Français doivent savoir que nous ne nous contenterons pas de la reconnaissance partielle des massacres d'octobre 1961 faite par le président Hollande", a commenté de son côté Lakhdar Benkhellaf, porte-parole du Front pour la justice et la démocratie (islamiste radical).

Zohra Drif, combattante de la Libération et vice-présidente du Sénat, dénonce le "mépris" français : "J'ai toujours affirmé que la France coloniale était ce qu'il y avait de plus hideux."

La presse a abondamment commenté le geste de l’ancien ministre de la Défense.

"Les responsables politiques voyous de la droite française ont répondu de manière humiliante" à une demande de repentance, s'est insurgé en une le quotidien populaire Echorouk, évoquant un "geste abominable, inhumain" et un acte "irresponsable".

Une insulte à la mémoire des victimes de la colonisation…

M. Longuet a assumé son bras d'honneur jeudi 1er novembre. Ce même jour, Gilbert Collard, élu député du Rassemblement Bleu Marine (Le Pen) dans le Gard, a lui aussi effectué un bras d'honneur sur un plateau de télévision de LCI. Si Gérard Longuet avait pour sa part déclaré qu'il pensait ne plus être à l'antenne quand il a commis son bras d'honneur, Gilbert Collard, lui, l'a assumé totalement, au coeur de l'émission où il était invité, pour exprimer son entier soutien à l'ancien ministre, en singeant son geste et en prononçant ces mots : "Il a bien fait, il a enfin un peu d'honneur au bout du bras. Moi, j'ajoute mon bras à celui de monsieur Longuet (...). Il a bien fait de le faire et j'espère que ce bras d'honneur a été tellement amplifié par les médias que ceux qui nous demandent de nous repentir l'ont reçu en pleine figure."

Les algériens ont été profondément choqués par ce geste reçu comme une insulte à la mémoire des victimes de la colonisation. De nombreux citoyens français estiment également que ce geste répugnant déshonore la République.

Dans un communiqué, le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel, "a exprimé sa désapprobation après le geste grossier et injurieux que M. Gérard Longuet a adressé aux autorités algériennes".

"Jean-Pierre Bel estime que ce geste, de la part d'un ancien ministre, ne peut qu'entretenir la guerre des mémoires", ajoute le texte, alors que François Hollande, dont M. Bel est un proche, doit se rendre au début de décembre en Algérie.

Le nouveau premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a estimé sur son compte Twitter que "le geste de Gérard Longuet illustre malheureusement la brutalité vulgaire d'une certaine droite qui abîme trop souvent le débat républicain".

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