L'annonce en Turquie de la création du Conseil national syrien (Xinhua)

Syrie : un défi de civilisation

C'est un premier pas, une première étape, mais une avancée considérable, un formidable message d'espoir délivré aux civils qui bravent au quotidien la machine meurtrière déployée par le régime syrien: L'unité, arme suprême et incontournable de résistance est enfin réalisée dans le camp de l'opposition.

Le Conseil National officiellement annoncé dimanche 02 octobre à Istanbul rassemble tous les courants politiques déterminés à briser la chape de plomb qui écrase les populations depuis une quarantaine d'années. Un moment sans doute très attendu par "la rue syrienne".

Ce tournant dans l'épreuve est porteur d'un triple objectif: déjouer les tentatives de divisions confessionnelles, pratiques sournoises des "services", éviter le piège de la "militarisation" de l'affrontement qui conforterait la thèse du "complot étranger" aboyée par le régime, refuser l'intervention militaire étrangère.

Résultat de longues tractations sous le bruit des armes qui ont déjà fait plus de 2600 victimes en sept mois, ce rassemblement n'a pas droit à l'erreur. Il s'agit désormais d'une course contre la montre sachant que le régime va redoubler de férocité, que la répression va montrer d'un cran.

Dans un tel contexte, la tentation est grande en effet pour le régime de Bachar Al-assad de créer un climat de guerre civile, de tabler sur la terreur et la peur du chaos, de pratiquer la politique de la terre brûlée.

Le régime syrien peut aussi tenter de faire diversion en tenant le faux discours de l'apaisement, de la normalisation progressive de la situation, de souffler le chaud et le froid en multipliant les effets d'annonce d'un assouplissement supposé pour fournir des arguments de soutien aux alliés russes et chinois.

Le Conseil National Syrien qui constitue un front d'opposition fondamentalement politique place la communauté internationale devant une responsabilité inédite: aider au renversement d'une dictature meurtrière dans un environnement géopolitique à hauts risques sans transformer le pays en bourbier sanglant, à l'image de l'Irak et de la Libye, en territoire de détresse humanitaire. Un défi de civilisation.